L’antibiothérapie réduirait l’immunisation vaccinale

  • Chapman TJ & al.
  • Pediatrics

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude américaine, les titres des anticorps (Ac) dirigés contre les principaux antigènes vaccinaux administrés entre l’âge de 9 et 24 mois (diphtérie, tétanos, coqueluche, pneumocoque) sont moins élevés chez les enfants qui ont été souvent traités par antibiotiques, que parmi les autres. Le recours à des antibiotiques à large spectre semble aussi associé à des titres d'anticorps inférieurs.

  • Malgré les limites de cette étude (pas d’études du microbiote, analyse planifiée rétrospectivement), les auteurs suggèrent que le phénomène reposerait sur l’altération du microbiote intestinal, dont les fonctions sont indispensables à l’immunité.

Pourquoi est-ce important ?

Des études antérieures, principalement menées chez l’animal, suggèrent que la composition et la diversité du microbiome intestinal peuvent influencer la réponse immunitaire vaccinale. Cependant, une petite étude menée chez l’adulte a récemment confirmé une association entre l’utilisation d’antibiothérapie à large spectre et la réduction des taux d’anticorps neutralisants après vaccination contre le virus H1N1. Il était donc intéressant d’étudier l’existence d’une même relation chez l’enfant afin de conforter l’hypothèse d’un lien entre recours aux antibiotiques et réponse à la vaccination.

Méthodologie

Cette étude rétrospective a été menée à partir des données prospectives recueillies auprès d’une cohorte d'enfants de 6 à 24 mois qui avaient été reçus en soins primaires pour le traitement d’infections aiguës de la sphère ORL (oto-rhino-laryngologique), y compris l'otite aiguë, et auprès de qui ont été prélevés régulièrement des échantillons sanguins. Parallèlement, les enfants ont été vaccinés de façon conventionnelle par les différents vaccins recommandés : diphtérie, tétanos, coqueluche (DTaP), haemophilus influenzae type b (Hib), poliomyélite inactivé à 2, 4, 6 et 18 mois ainsi que le pneumocoque à 2, 4, 6 et 15 mois.

Principaux résultats

L’analyse a été conduite à partir de 560 enfants appartenant à la cohorte initiale, parmi lesquels 342 enfants ont reçu 1.678 traitements d’antibiothérapie. Par ailleurs, 11.888 titres d'anticorps contre les différents antigènes vaccinaux ont été mesurés au cours de la période de suivi.

Les taux d’anticorps neutralisants contre les différents vaccins variaient selon l’âge et le nombre d’injections reçues. Par ailleurs, les auteurs ont, pour chaque vaccin, classifié les enfants en deux catégories, selon que leur taux d’Ac neutralisant était ou non protecteur : ainsi le nombre d’enfants ayant un taux non protecteur entre 9 et 24 mois était supérieur parmi ceux qui avaient reçu des antibiotiques que parmi les autres pour tous les vaccins considérés, et la différence était significative pour 4 d’entre eux (diphtérie, tétanos, poliomyélite et pneumocoque sérotype 14).

De même, après classification des enfants par classe d’âge, le nombre de ceux qui avaient au moins un taux d’Ac non protecteur était supérieur pour ceux ayant reçu au moins une antibiothérapie versus les autres, et cette différence était statistiquement significative à l’âge de 9 et de 12 mois.

Enfin, après classification selon la nature de l’antibiotique, les enfants non protégés étaient statistiquement plus nombreux parmi ceux ayant reçu la ceftriaxone, le cefdinir, et l’amoxicilline-acide clavulanique, que ceux n’ayant pas reçu d’antibiotiques (OR compris entre 1,39 et 1,58 selon la molécule). Les analyses multivariées réalisées après ajustement sur l’origine, l’existence d’une atopie, l’existence d’une fratrie ont confirmé les relations précédentes