L'ail noir vieilli, pour abaisser la pression artérielle

  • Batya Swift Yasgur, MA, LSW

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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Une nouvelle étude montre, qu’en complément aux conseils diététiques habituels, l'ail noir vieilli (ANV) abaisse la pression artérielle diastolique (PAD) chez les hommes présentant une cholestérolémie modérément élevée. Après 6 semaines, la consommation d'ANV contenant de la s-allyl-L-cystine (SAC) en concentration élevée était associée à une réduction de près de 6 mmHg de la PAD. Les autres facteurs de risque de maladies cardiovasculaires n'étaient pas significativement affectés.

« La réduction observée de la PAD par l'extrait d'ANV était similaire aux effets des approches diététiques, y compris ceux du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension) sur la pression artérielle », expliquent Rosa Valls (Université Rovira i Virgili à Reus, en Espagne) et ses collaborateurs dans un article publié par la revue Nutrients. « Les effets bénéfiques potentiels de l'ANV peuvent contribuer [au maintien ou] à l'obtention d'une PAD optimale, mais ils ont été mieux observés chez les hommes et dans les populations à PAD non optimale. »

La s-allyl-L-cystine (SAC) pure et les ails vieillis ont montré des effets positifs sur de multiples cibles dans des études tant in vivo qu'in vitro. Cependant, les études réalisées jusqu'ici chez l'homme ne se sont pas concentrées sur la SAC mais plutôt sur d'autres types d'ail vieilli, et chez des patients présentant un certain type de facteur de risque de MCV. De plus, d'après les auteurs, ces études souffraient de faiblesses méthodologiques ou de conception.

Pour combler cette lacune, Rosa Valls et son équipe ont assigné au hasard 67 personnes souffrant d'hypercholestérolémie modérée (définie par un taux de LDL-cholestérol ≤115 mg/dL) pour recevoir quotidiennement un comprimé d'ANV (250 mg d'extrait d'ANV/1,25 mg de SAC) ou un placebo pendant 6 semaines. Après une période d'élimination de 3 semaines, les deux groupes ont été inversés et la deuxième intervention a été poursuivie pendant 6 semaines supplémentaires.

Tous les participants ont reçu des recommandations diététiques concernant les facteurs de risque de MCV et leurs habitudes alimentaires ont été évaluées à l'aide d'un carnet alimentaire de 3 jours, tant au début de l'étude qu'après 6 semaines.

Les personnes prenant un hypolipidémiant ou un antihypertenseur étaient exclues de l'étude, tout comme celles qui fumaient, celles dont l'IMC était égal ou supérieur à 35 kg/m², et celles dont la glycémie à jeun dépassait 125 mg/dL. En termes de caractéristiques, aucune différence n'a été observée entre les deux groupes à l’inclusion. Au départ, les pressions systoliques et diastoliques moyennes étaient de 124/75 mmHg dans le groupe ANV et de 121/74 mmHg dans le groupe placebo. L'âge moyen était de 53 ans.

Principaux résultats

Aucune différence significative entre l'ANV et le placebo n'a été observée après 3 semaines, mais la diminution de la PAD après consommation d'ANV est devenue significative après 6 semaines (diminution moyenne : 3,7 versus 0,10 mmHg; p = 0,007).

Après stratification par sexe et par niveau de PAD, la diminution moyenne de la PAD après 6 semaines de consommation d'ANV était particulièrement importante chez les hommes ainsi que chez les participants dont la PAD initiale était d'au moins 75 mmHg. Par ailleurs, aucun effet indésirable n'a été observé.

Variable

Changement moyen à 6 semaines

Valeur du p

Sexe

Hommes : - 5,85
Femmes : - 0,151

0,013
0,271

PAD au départ

≤ 75 mm Hg : - 2,80
> 75 mm Hg : - 4,82

0,070
0,049

La modification de la pression artérielle systolique à 6 semaines avec l'ANV et avec le placebo s'élevait à 1,32 mmHg et 2,84 mmHg (p = 0,694), respectivement.

À la semaine 6, les taux de cholestérol total ont montré une « tendance quadratique à la baisse » après le traitement par ANV (p = 0,047). En revanche, aucune autre différence significative entre les groupes n'a été observée pour le profil lipidique, les apolipoprotéines ou d'autres paramètres importants, dont l'insulinémie, le tour de taille et l'IMC.

Pour les auteurs, bien que l'élévation de la pression artérielle systolique « ait un impact plus important sur l'évolution du patient, l'hypertension systolique et diastolique influencent de manière indépendante le risque d'événements cardiovasculaires indésirables, quelle que soit la définition de l'hypertension. » Ils relèvent également que le risque de décès par cardiopathie ischémique ou par AVC double pour chaque augmentation de 10 mmHg de la PAD chez les personnes âgées entre 40 et 89 ans. « Ainsi, une réduction de la PAD de 5 mmHg entraîne une diminution de 40 % du risque de décès par AVC et de 30 % du risque de décès par cardiopathie ischémique ou une autre origine vasculaire. »

Une étude de petite taille

Interrogée par theheart.org/Medscape Cardiology, la Pre Linda Van Horn, qui dirige la division nutrition du département de médecine préventive de la Northwestern University de Chicago, rappelle que l'ail est cité depuis de nombreuses années « comme un complément pouvant accroître les bénéfices procurés par une alimentation saine », mais que les études ont débouché sur « des résultats non concluants. » Elle ajoute que « l'ANV ayant vieilli pendant de nombreux mois voire des années, le concentré qui en résulte est plus riche en composés organo-sulfurés et en substances phytochimiques, ce qui pourrait entraîner une réponse accrue. »

« Les données suggèrent que l'ANV, beaucoup plus concentré que l'ail frais ou transformé, pourrait être utile pour abaisser la PA dans certains sous-groupes, en l'occurrence les hommes hypertendus. Cependant, les résultats de cette étude sont limités par la taille réduite de sa population ainsi que par d'autres facteurs potentiels de biais. » Ainsi, par exemple, les taux « de sodium, de potassium et d'autres nutriments connus pour être associés à la pression artérielle n'ont pas été étudiés, ce qui soulève des questions sur l'effet purement attribuable à l'ANV par rapport à d'autres facteurs alimentaires. »

Deux des auteurs de l'étude sont employés par la SL Pharmactive Biotech Products (Madrid), qui produit l'ANG utilisé, mais aucun n’est intervenu dans les résultats ni les conclusions.

Cet article a été écrit par Batya Swift Yasgur, MA, LSW et initialement publié sur Medscape.com, puis traduit par Claude Leroy pour Medscape France.