L’accès aux unités neurovasculaires suit un gradient social
- Naouri D & al.
- Eur J Neurol
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Une étude comparant les données nationales françaises (à partir d’un échantillon représentatif de la population) montre que le taux d’accès aux unités neurovasculaires (UNV) ne concerne qu’un patient sur deux (53%) faisant un AVC ischémique.
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Ceux ayant un niveau socioéconomique faible auraient une moindre probabilité d'admission dans ces unités. L’âge, le fait de vivre seul et d'être une femme sont également associés à une probabilité plus faible d'admission. Ainsi, un adulte de moins de 45 ans sur 4 ne bénéficie pas non plus d’une telle admission.
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Étant donné que la prise en charge en UNV est associée à un meilleur pronostic, il semble qu’au-delà des disparités territoriales, l’amélioration de l'accès aux UNV à tous les publics est nécessaire.
Pourquoi est-ce important ?
La prise en charge d’un patient ayant un AVC ischémique aigu est conduite directement par une unité neurovasculaire (UNV) ou après transfert depuis un service d’urgence. Cependant, on ne comptait que 140 UNV en 2017 sur toute la France, inégalement réparties sur le territoire. Aussi, l'accès à ces unités peut être difficile. Il a été décrit par ailleurs des disparités régionales dans l'accès aux UNV, le taux de transfert dans ces structures variant de 30% à 69% selon les régions. Peu d'études s’étant penchées sur l’influence des caractéristiques socio-économiques sur la prise en charge de l’AVC, cette étude apporte des enseignements importants.
Méthodologie
L’étude a été menée à partir des données de l'Echantillon démographique permanent de la population (EDP), une base de données française rassemblant un échantillon représentatif de la population d’environ 4%.
Principaux résultats
Entre 2014 et 2017, 14.123 hospitalisations pour AVC ont été analysées. L'âge moyen était de 74 ans et 49,5% étaient des femmes.
L'admission en UNV avait concerné 52,9% de ces hospitalisations en moyenne, et était associée à l'âge (p<0,001), au sexe (p<0,001), au fait de vivre seul (p<0,001) et au niveau de vie (p<0,001). Ce chiffre était de 67,0% pour les 45-64 ans et montait à 74,4% parmi les moins de 45 ans.
En termes de pronostic, la mortalité à 30 jours et à 1 an était associée à l'âge (p<0,001), au sexe (p<0,001), au fait de vivre seul (p<0,001) et à l'indice de comorbidité de Charlson (p<0,001).
Par rapport au quartile le plus aisé, le fait d'appartenir aux trois premiers quartiles du niveau de vie était associé à une réduction de la probabilité d'être admis en UNV de 10%, 8% et 5% respectivement (tous les intervalles de confiance <1 et p tous significatifs).
Parallèlement, le fait d’être plus âgé, de vivre seul ou d’avoir un indice de comorbidité de Charlson élevé réduisait aussi cette probabilité (respectivement 54% pour les >85 ans vs <45ans, 5% vs vivant en couple, et 3% /point d’indice). À l’inverse, le fait d'être un homme et de vivre dans un territoire dont le nombre de lits en UNV est élevé améliorait cette probabilité.
Il existait aussi un gradient social concernant le risque de troubles du langage, ou de paralysie postérieures à l’AVC, qui s’élevaient respectivement à 11% et 24% pour le quartile le moins socialement favorisé par rapport au plus favorisé. L’âge et l’indice de Charlson influençaient aussi ces relations.
Si la probabilité de décès à 30 jours ne souffrait pas d’un gradient social, le risque de nouvel AVC à un an était 15% plus élevé pour les plus pauvres, versus les plus aisés. Enfin, le fait d'être une femme, de vivre seule et d'avoir déjà été admis en UNV était associé à un risque supérieur de 6%, 10% et 9% respectivement d’avoir accès aux soins post-aigus pour séquelles.
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