L’absence de complémentaire santé est liée avant tout au niveau socioéconomique

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

En 2019, seuls 3,6% des Français âgés de 15 ans et plus ne bénéficiaient pas d’une complémentaire santé. C’est un progrès considérable par rapport à 1996, où cette proportion était de 13,5%. Il est le résultat de différents dispositifs, dont le principal a été constitué par la CMU-C (Couverture maladie universelle complémentaire) et l’ACS (aide pour une complémentaire santé), au début des années 2000, regroupées en CSS (Complémentaire santé solidaire) en 2019. Il n’en reste pas moins que 2,5 millions de Français étaient sans couverture complémentaire santé cette même année.

Chercheuse à l’IRDES, Aurélie Pierre a analysé les données de l’enquête EHIS 2019 (European Health Interview Survey) pour savoir qui ils sont et quelles sont les raisons de leur non-couverture. Le principal déterminant de celle-ci est le niveau socio-économique. Ainsi, près de 11% des personnes de 15 ans et plus appartenant au premier décile de niveau de vie n’ont pas de complémentaire santé, versus 6% de celles du deuxième décile et 4,2% de celles du troisième décile. Dans les déciles suivants, ces proportions passent en dessous de la moyenne en population générale (3,6%). Territorialement, 9% des résidents des quartiers prioritaires de la politique de la ville ne sont pas couverts.

Ce déterminant socio-économique est particulièrement marqué pour les indépendants (5,5% ne sont pas couverts), les chômeurs, les inactifs et les retraités les plus modestes. Ainsi, par rapport à la population générale, « la proportion de personnes sans couverture est multipliée par 3 parmi les retraités du premier quintile de niveau de vie (11%), par 4 chez les chômeurs (14%) et même par 6 (20%) parmi les personnes au chômage depuis 12 à 24 mois. »

Le coût des complémentaires, qui augmente avec l’âge, n’est pas le seul facteur discriminant : « 8% des individus qui déclarent qu’il est impossible ou toujours difficile de remplir correctement des formulaires médicaux ne sont pas couverts (versus 4% pour les autres), alors même que 42% d’entre eux appartiennent au premier quintile de niveau de vie. »

Pourtant, les retraités les plus modestes et les personnes les moins favorisées économiquement sont celles qui bénéficieraient le plus d’une couverture complémentaire, puisque ce sont elles qui déclarent le plus fréquemment être en mauvaise ou très mauvaise santé.