La vulnérabilité spécifique des adolescents au cannabis de synthèse

  • Anderson SAR & al.
  • Pediatrics

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon un registre américain multicentrique, les adolescents reçus aux urgences après consommation de cannabis synthétique (CS) semblent présenter une morbidité neuropsychiatrique spécifique. Dans cette analyse, ces produits étaient associés à des manifestations sévères, avec notamment des convulsions et des dépressions du SNC plus fréquentes que chez les adolescents reçus pour consommation de cannabis naturel seul. Par ailleurs, en cas d’association à d’autres substances, les consommations de CS se traduisent par un risque d’agitation différent de celui observés sous cannabis.

On sait que les adolescents sont des usagers potentiellement à risque dans la consommation récréative de substances telles que les CS. De petites séries de cas ont déjà décrit que l’intoxication liée à ces substances pouvait revêtir une présentation spécifique dans cette population, mais cette analyse, conduite auprès d’un plus grand nombre de cas, permet d’apporter une connaissance plus fine et solide des risques encourus. Elle décrit bien les particularités de la toxicité aiguë des CS chez les adolescents, et la nécessité de les sensibiliser aux risques liés à l’utilisation de ces produits.

Analyse de pharmacovigilance

L’étude a été réalisée à partir des données du consortium américain ToxIC qui regroupe tous les cas de patients vus dans les services d’urgence ou en hôpital et dans lesquels le toxicologue a été sollicité. Ont été intégrés dans cette analyse tous les adolescents de 13 à 19 ans ayant été exposés au cannabis ou au CS, seuls ou en association avec d’autres substances, soit 348 cas analysés, majoritairement masculins.

Principaux résultats

  • Au total, les 348 adolescents étaient respectivement 107 et 38 à avoir consommé du CS seul ou associé à d’autres substances, et 86 et 117 à avoir consommé du cannabis seul ou associé à d’autres substances.
  • Les substances associées au CS étaient plus souvent des sympathomimétiques (cocaïne, amphétamines 3,4-méthylènedioxyméthamphétamine…) que celles associées au cannabis (44,7 vs 29,9%), tandis que les consommateurs de cannabis y associaient plus souvent des hypnotiques (17,1 vs 5,3%), des opioïdes (14,5 vs 2,6%) ou de l’alcool (29,9 vs 7,9%).
  • Les risques de dépression du SNC et/ou de coma, et celui des convulsions associées au CS seul étaient plus élevés que ceux associés au cannabis seul (odds ratio OR 3,42 [1,51–7,75] et 3,89 [1,39–10,94]). Le risque d’agitation était, lui, bien inférieur (OR 0,18 [0,10–0,34]).