La vidéo-capsule colique : quelle pertinence en pratique clinique ?

  • Benech N & al.
  • Endosc Int Open

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude française a évalué la pertinence d’utiliser la vidéo-capsule colique en pratique clinique réelle pour la prise en charge des patients à risque de cancer colorectal. 

Cette étude montre que :

  • Seule la moitié des examens par vidéo-capsule colique sont réalisés de manière optimale, c’est-à-dire avec un examen complet et réalisé avec une préparation intestinale adéquate.
  • La fiabilité des examens du côlon par vidéo-capsule est encore trop faible.

Méthodologie

Tous les patients qui ont eu un examen par vidéo-capsule colique en France et qui disposaient d’un ensemble de données suffisantes, ont été inclus de manière prospective dans cette étude entre janvier 2011 et mai 2016. Ils ont ensuite été contactés annuellement par téléphone jusqu’en mai 2017. Tous les dossiers en rapport avec l’utilisation de visio-capsules coliques et de coloscopies ont été collectés de manière systématique.

Principaux résultats

Entre 2011 et 2016, 1.282 examens par vidéo-capsule ont été réalisés en France. Les analyses de l’étude présentée ici portent sur 689 de ces sujets pour lesquels l’ensemble des données souhaitées étaient disponibles. Celles-ci provenaient de 14 centres médicaux participants, qui réalisaient en valeur médiane 30 examens par centre. La durée médiane du suivi était de 35 mois. Les patients inclus étaient majoritairement des sujets âgés (âge médian 70 ans) et des sujets pour lesquels l’anesthésie ou la coloscopie étaient contre-indiquées (44,6%, n=307). Pour près de 7 examens par vidéo-capsule sur 10, la préparation colique était considérée comme bonne à excellente. Et pour 6 examens sur 10, l’examen a été considéré comme complet. En revanche seuls 49% des examens par vidéo-capsule avaient à la fois bénéficié d’une préparation adéquate et d’un examen complet.

Dans la majorité des cas (59%), le gastro-entérologue n’a pas jugé nécessaire de réaliser une coloscopie après un examen par vidéo-capsule du fait de la présence faible de polypes ou de la présence de polypes non significatifs. Parmi les sujets qui n’ont pas eu de coloscopie, seul un patient a développé un cancer colorectal durant le suivi. Et parmi les 41% pour qui une coloscopie a été recommandée, 19% ne l’ont finalement pas réalisée, soit parce que le patient l’a refusée (34,6%), soit parce qu’une contre-indication médicale de cet examen a été confirmée (33%). Des polypes ont été identifiés dans 45% des coloscopie réalisée. Dans 10% des cas, la tumeur était avancée (9 dysplasies de haut grade). Deux patients ayant eu un diagnostic de tumeur colique par vidéocapsule et sans métastases thoraciques ou abdominales au scanner, ont eu une chirurgie sans confirmation préalable du diagnostic par coloscopie.

Un adénome de haut grade ou un cancer colorectal a été diagnostiqué chez 4,6% des individus. Parmi les patients qui ont bénéficié d’une coloscopie ou d’une chirurgie post-vidéo-capsule intestinale, 19% des sujets avec néoplasie avancée n’avaient pas été diagnostiqués par vidéo-capsule, principalement en raison d’un problème technique. Suite à la visualisation d’un nombre important de polypes ou d’une préparation colique insuffisante, la réalisation d’une coloscopie a permis de diagnostiquer 96,9% des néoplasies avancées qui avaient été identifiées par vidéocapsule. La plupart des néoplasies coliques avancées qui n’avaient pas été vues par vidéo-capsule colique étaient liées à un examen par vidéo-capsule incomplet et à une localisation distale des néoplasies.