La télémédecine, mode d’exercice actuel et futur

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
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L’Académie de médecine a consacré sa séance du 15 mars 2022 à la télémédecine. Pour Pierre Simon, fondateur de la Société Française de Télémédecine, l’entretien réalisé lors d’une téléconsultation doit et peut être d’une qualité comparable à celui réalisé en présentiel. Il rappelle que dans 70% des cas, l’interrogatoire évoque un diagnostic, l’examen physique n’y contribuant que pour 5% et les examens complémentaires pour 25%. La téléconsultation bénéficie en outre de l’apport récent de « Mon espace santé ». Celui-ci donne accès au dossier médical partagé du patient, ce qui est notamment intéressant lorsque le praticien n’est pas le médecin habituel. De plus, grâce à une messagerie sécurisée, le patient peut, par exemple, répondre aux questions d’un expert requis par le médecin consultant (téléexpertise). Des applications, labellisées par l’État, permettent un suivi des patients atteints de maladies chroniques, avec éventuellement un système d’alerte au médecin traitant.

Cependant, avertit Thierry Moulin (Département de neurologie, CHU de Besançon), les acteurs de santé doivent impérativement se former à ces nouveaux outils, aussi bien en formation initiale que continue. De plus, cette « littératie numérique » doit se mettre en place de manière commune à ces acteurs, qu’ils soient médecins ou non. Elle sera validée par une licence, qui vérifiera les compétences dans 5 domaines : cybersécurité, données de santé, outils connectés, communication, télésanté.

Karim Boudjema (Chirurgie hépatobiliaire et digestive, CHU de Rennes) a insisté sur la formation à l’éthique. Il préconise 6 règles de bonnes pratiques, « qui tombent sous le sens », mais qui valent d’être rappelées. La télémédecine doit :

  • Être pratiquée dans un  cadre dédié et sécurisé par l’État (Mon espace santé),

  • Préserver la notion d’interactions entre soignants et soignés,

  • « Rester un exercice humain où le patient est au centre de tout et le soignant omniprésent, gardant le contrôle et l’annonce des diagnostics et des décisions thérapeutiques »,

  • Conserver le rôle central du colloque singulier (rester une pratique clinique),

  • Ne pas devenir un espace commercial, remplaçant l’acte de soins par la prestation de service,

  • Être enseignée.

Et de conclure : « L’heure n’est plus à la résistance. La télémédecine est le mode d’exercice actuel et futur de la médecine. Il nous faut apprendre à la maîtriser. »