La sertraline plus efficace sur les symptômes anxieux que dépressifs ?
- Lewis G & al.
- Lancet Psychiatry
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Selon cette étude britannique réalisée en soins primaires chez des patients ayant des symptômes dépressifs, mais ne répondant pas forcément aux critères diagnostiques de dépression ou d’anxiété, la sertraline ne semble pas améliorer les symptômes dépressifs mesurés à 6 semaines de traitement, même si une légère amélioration du score Patient Health Questionnaire en 9 items (PHQ-9) est observée à 12 semaines.
- En revanche, une amélioration de l’anxiété, de la qualité de vie associée à la santé mentale et du sentiment de mieux être a été rapportée par les patients.
- Ces résultats suggèrent qu’en cas d’incertitude à prescrire des ISRS, la présence d’une inquiétude ou d’une nervosité peut être un indicateur d’un possible bénéfice.
Les ISRS sont largement utilisés chez les patients dépressifs, avec une forte augmentation des prescriptions observée au cours des 20 dernières années. De nombreux antidépresseurs sont aujourd’hui prescrits en soins primaires sans évaluation standardisée des symptômes dépressifs, à des patients dont le profil est vraisemblablement assez éloigné de celui des patients inclus dans les essais. L’étude britannique PANDA est un essai contrôlé randomisé de grande envergure et non financé par l’industrie pharmaceutique, qui a enrôlé des patients souffrant de symptômes dépressifs à partir de 179 centres de soins primaires. Il avait pour objectif d’évaluer l’efficacité de la sertraline et d’analyser l’impact de la sévérité et de la durée de la maladie sur la réponse au traitement.
À peine plus de la moitié des patients répondant aux critères standards de dépression
Pour être inclus, les patients devaient être âgés de 18 à 74 ans et avoir eu des symptômes dépressifs au cours des deux dernières années, avec un doute quant à l’efficacité de l’antidépresseur prescrit. Ils étaient recrutés indépendamment de la sévérité de leurs symptômes de façon à refléter la population traitée en soins primaires. Au final, 655 patients ont été randomisés, 326 dans le groupe sertraline et 329 dans le groupe placebo. L’âge moyen était de 39,7 ans, 59% étaient des femmes, 54% remplissaient les critères diagnostiques ICD-10 de la dépression, 46% répondaient à ceux de l’anxiété généralisée, 30% aux critères des deux pathologies et 15% à ceux de troubles mixtes anxio-dépressifs. La plupart d’entre eux (80%) avaient des antécédents de dépression.
Une efficacité plus visible sur les symptômes anxieux que dépressifs à 6 semaines
Il n’a pas été observé de différence significative entre sertraline et placebo concernant les symptômes dépressifs mesurés à 6 semaines par le PHQ-9 (critère principal : différence proportionnelle ajustée 0,95 [0,85-1,07], p=0,41). Des scores légèrement plus bas, en faveur de la sertraline, étaient cependant rapportés à 12 semaines (0,87 [0,79-0,97]) suggérant la possibilité d’une efficacité sur une plus longue durée. Mais la réponse au traitement ne semblait pas dépendre de la sévérité des symptômes. En revanche, une amélioration a été observée pour d’autres symptômes comme l’anxiété (GAD-7, Generalised Anxiety Disorder Assessment 7-item version) ou la qualité de vie liée à la santé mentale (mais pas physique) auto-rapportée (SF-12, Short Form Health Survey). Les patients du groupe sertraline avaient aussi plus de chances de rapporter un mieux être mental plutôt qu’une stagnation ou une aggravation des symptômes. Par ailleurs il n’y a pas eu de différence entre les deux groupes concernant la survenue d’effets indésirables.
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