La relation inverse entre IMC et maladie de Parkinson est observée très en amont du diagnostic

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Les données des 98.702 femmes suivies durant 29 ans dans le cadre de la cohorte française E3N montre que l'obésité est associée à une plus faible incidence de la maladie de Parkinson (MP), même plus de 20 ans avant le diagnostic.

  • Les trajectoires comparées de l'IMC entre les femmes ayant ou n’ayant pas eu un diagnostic de MP confirme que l'obésité était moins fréquente chez les patients MP bien en amont du diagnostic, avec un IMC qui tendait à diminuer 5 à 10 ans avant le diagnostic.

  • Des investigations supplémentaires permettraient de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de cette association.

Pourquoi est-ce important ?

L’association entre IMC et incidence de la maladie de Parkinson a été explorée par différentes études et méta-analyses, mais leurs résultats ont été contradictoires. Ceci s’explique à la fois par l’hétérogénéité des études et par le fait que l’IMC peut être modifié sous influence de certains symptômes prodromaux de la MP comme la constipation ou la fatigue. Aussi, la directionnalité de l’association entre ces deux paramètres reste à établir plus précisément à partir d’une cohorte dont le suivi longitudinal et les mesures répétées de l’IMC peuvent améliorer le niveau de preuve des résultats.

Méthodologie

Cette analyse a été conduite à partir de l’étude de cohorte prospective française E3N qui a recruté en 1990 un total de 98.995 femmes nées entre 1925 et 1950. Elles devaient répondre à des questionnaires de suivi tous les 24-36 mois. À partir de 2004, les données de remboursement de soins de santé étaient aussi disponibles et analysées.

Outre la recherche d’association, les chercheurs ont conduit une étude cas-témoin imbriquée dans E3N, qui visait à comparer les trajectoires de l'IMC avant le diagnostic de MP des personnes ayant eu un diagnostic, en comparaison à 20 sujets appariés sur l’âge et le risque de MP.

Principaux résultats

Au total, 96.702 femmes ont été suivies pendant 24 ans (âge moyen 49,3 ans), parmi lesquelles 1.164 ont développé une MP. À l’inclusion, l’indice de masse corporelle (IMC) moyen était de 22,6 kg/m², avec 3,1% obèses et 14,5% en surpoids. À 24 ans de suivi, l'IMC moyen était de 24,0 kg/m² avec 8,3% d’obésité et 25,7% de surpoids .

L'incidence de la MP était inférieure de 24% dans le groupe des femmes obèses par rapport à celles ayant un IMC normal (HR=0,76 [0,59-0,98]). Une tendance non significative existait pour les femmes en surpoids. Cette association n'a pas été modifiée par les facteurs de confusion potentiels (dyslipidémie, maladies cardiovasculaires, diabète). La même observation a été faite concernant les liens entre le tour de taille et le diagnostic de MP.

Dans l’étude cas-témoins imbriquée, 1.196 patients ont été comparés à 23.876 sujets contrôles. L’analyse de leurs trajectoires montre que la fréquence de l'obésité augmente au cours du suivi chez les sujets contrôles, alors qu'elle tend à diminuer cinq à dix ans avant le diagnostic de MP chez les autres. L'obésité était significativement moins fréquente chez les femmes MP que chez les sujets contrôles dès le plus ancien suivi disponible : par exemple, chez les femmes âgées de 73 ans au moment du diagnostic, on relève une prévalence de l'obésité de 0,29% 29 ans auparavant alors qu’elle était de 1,31% chez les femmes contrôles appariées (différence=-1,01 [-0,016 à -0,008], p<0,001).