La réduction de la circulation automobile a des effets sanitaires bénéfiques chez les enfants

  • Serge Cannasse
  • Actualités professionnelles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Les effets délétères de la pollution atmosphérique sur la santé sont bien documentés. Dans les grandes agglomérations, elle est notamment due à la circulation automobile. C’est pourquoi deux lois (septembre 2019 et août 2021) visent à restreindre l’accès des véhicules anciens, les plus polluants, à des zones dites à faibles émissions mobilité (ZFE-m). Leur application se heurte à un problème d’acceptabilité par la population concernée. Un des moyens pour l’améliorer est de montrer les bénéfices en termes sanitaires de ces mesures, en particulier chez les enfants, très impactés par la pollution atmosphérique.

Pour cela, l’Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France, en collaboration avec Airparif et Santé publique France, a développé une méthode pour évaluer la réduction des niveaux de dioxyde d’azote (NO2) sur deux indicateurs : incidence de l’asthme des enfants (0-17 ans) et des naissances à terme de faible poids.

Quatre scénarios ont été envisagés, selon deux variables : le périmètre d’application (Paris ou élargissement à 80 communes périphériques), le niveau de restriction (interdiction soit des véhicules non classés, classés Crit’air 5 et 4, soit des véhicules non classés, classés Crit’air 5 et 4 et 3). Pour mémoire, les véhicules les plus polluants sont par ordre décroissant ceux non classés, puis ceux classés 5, 4, 3, 2 ou 1 (voir le site gouvernemental Crit’air).

La zone d’étude n’a pas été limitée aux ZFE-m mais a été étendue jusqu’aux contours de la Francilienne (autoroutes et voies rapides entourant la région parisienne), représentant environ 80% de la population francilienne.

Bénéfice de la restriction automobile sur les recours aux urgences pour asthme infantile

Quel que soit le scénario considéré, la baisse annuelle des cas attendue dans les ZFE-m se situe entre 50 et 170 pour les naissances de faible poids et entre 830 et 2.930 pour les nouveaux cas d’asthme. De plus, le nombre annuel de recours évités aux urgences pour asthme s’échelonnerait entre 190 et 700. Ce bénéfice sanitaire s’appliquerait aussi aux zones hors ZFE-m, comparable pour chacune des deux variables (périmètre, niveau de restriction), mais avec un impact populationnel plus étendu avec la variable « périmètre élargi ».

Ces données devront être comparées avec celles obtenues par les mesures effectivement mises en place, depuis le 1er juin 2021, soit deux années plus tard que le scénario modélisé, correspondant au périmètre élargi et au niveau de restriction le plus faible. Elles devront être complétées par d’autres données de santé publique et par l’évaluation du respect des mesures. Enfin, il va de soi que, même en admettant leur valeur pédagogique, le dispositif ainsi évalué « ne peut constituer à lui seul une solution à l’enjeu de santé publique » (pollution atmosphérique d’origine industrielle, domestique, agricole, etc).