La résistance aux antibiotiques varie selon les pays
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
La résistance aux antibiotiques (RAB) est un phénomène mondial, mais qui varie fortement d’un pays à l’autre pour un couple bactérie-antibiotique donné. Or, cette diversité est mal comprise. Pour tenter d’y voir plus clair, des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et des universités de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et de Paris-Saclay ont créé un modèle statistique 1 à partir de la base de données ATLAS (Antimicrobial Testing Leadership and Surveillance – système de suivi de l’antibiorésistance), l’une des nombreuses bases répertoriant les manifestations d’antibiorésistance dans le monde. Les données qu’ils ont analysées portent sur 51 pays, elles ont été recueillies de 2006 à 2019 et concernent treize paires antibiotique-bactérie. Leur travail a été publié dans le Lancet Planet Health 2.
Il confirme d’abord la diversité de l’importance des résistances en fonction des couples antibiotiques-bactéries et des pays. Ainsi, en 2019, les taux moyens de résistance variaient selon les pays de 6 à 3% pour le couple carbapénème/Klebsiella pneumoniae et 80 à 7% pour le couple fluoroquinolone/Acinetobacter baumannii. Sur la période étudiée, la résistance aux carbapénèmes a augmenté dans plus de 60% des pays inclus dans l’enquête. Mais aucune tendance à la hausse ou à la baisse n’a été observée pour les autres types de résistances.
Les auteurs ont croisé les données d’antibiorésistance avec une série de onze paramètres, dont les volumes de vente d’antibiotiques, des indicateurs économiques et de santé populationnelle, des données météorologiques, la densité populationnelle, l’importance du tourisme. De manière surprenante, les volumes nationaux de ventes d’antibiotiques ne sont pas significativement associés à la résistance de la majorité des bactéries testées, sauf pour les couples quinolones/ Escherichia coli, quinolones/Pseudomonas aeruginosa, carbapénèmes/Acinetobacter baumannii.
Les deux autres facteurs mis en évidence sont la bonne qualité du système de santé, associée positivement à de faibles taux d’antibiorésistance, et les températures élevées, associées à de forts taux d’antibiorésistance mais seulement chez les entérobactéries (Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae).
Les auteurs concluent que leur travail ne permet pas de rendre compte pleinement de la diversité des variations d’antibiorésistance, qui reste en grande partie inexpliquée. Cependant, ils estiment que leur modèle statistique a mis au jour quelques paramètres importants et qu’en conséquence il serait intéressant de l’appliquer à d’autres bases de données, comme celles de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). La recherche d’autres paramètres que ceux investigués par leur étude reste d’actualité, mais d’ores et déjà, leur travail devrait permettre d’adapter les stratégies de santé publique de lutte contre l’antibiorésistance en fonction des données locales (pays, voire régions de chaque pays). Ils soulignent leur propos en rappelant que l’antibiorésistance a causé 1,12 millions de décès dans le monde en 2019 et que 4,95 d’entre eux y étaient associés.
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