La réduction des risques peut atténuer la hausse de l’usage de méthamphétamine en Europe

  • Drishti Agarwal
  • Actualités Médicales
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L’usage de méthamphétamine est une préoccupation croissante en Europe.

Et, bien qu’il n’existe pas de solution universelle, un effort collaboratif de la part des parties prenantes, y compris les agences gouvernementales, les prestataires de soins de santé, les organisations à but non lucratif et les communautés, est crucial. Des experts travaillant dans le domaine des drogues et addictions se sont réunis lors d’un webinaire pour discuter de l’évolution du problème en Europe, de la manière dont il est traité et des pratiques de réduction des risques. La session "Méthamphétamine en Europe : point sur la situation passée et actuelle (Methamphetamine in Europe: past and present)" a été organisée par le Centre européen de surveillance des drogues et des addictions (European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction, EMCDDA) le 15 février.

La méthamphétamine est historiquement moins utilisée en Europe que dans d’autres régions du monde, comme l’Asie du Sud-Est et les États-Unis. Cependant, son utilisation et sa disponibilité ont récemment augmenté en Europe, en particulier en République tchèque, en Slovaquie et dans certains pays nordiques. Alexis Goosdeel, directeur de l’EMCDDA, compare la situation à celle de la série télévisée emblématique Breaking Bad, et évoque que « Si la méthamphétamine continue à se démocratiser en Europe, la situation pourrait très mal tourner ». 

Une recherche de drogues dans les eaux usées menée à Barcelone entre 2011 et 2021 a permis de détecter une augmentation des taux de méthamphétamine au fil des ans, avec un pic en 2019. Étonnamment, en 2021, les taux ont chuté, pour atteindre un tiers de ceux détectés en 2019. Gabriela Barbaglia, directrice médicale du Service de prévention et de soins des addictions, déclare : « Nous ne savons pas avec certitude comment la situation va évoluer. » 

Les autorités européennes ont réagi à cette menace émergente en élargissant les programmes de réduction des risques afin de limiter les dommages sanitaires et psychologiques causés par l’usage de méthamphétamine. L’idée de la réduction des risques s’apparente à l’adoption de limites de vitesse sur le parcours des utilisateurs de méthamphétamine, et cible tous ceux qui ne souhaitent pas ou ne sont pas en mesure d’arrêter l’utilisation de méthamphétamine à long terme. 

L’organisation espagnole à but non lucratif Asociación Bienestar y Desarrollo (ABD) a mis en œuvre des programmes de réduction des risques visant à réduire les risques associés à l’usage de méthamphétamine à Barcelone. Bien que l’organisation ABD œuvre principalement en Espagne, elle collabore également avec d’autres organisations et entités à travers l’Europe sur des projets visant à réduire la consommation de drogues.

Les programmes de réduction des risques abordés par Ester Aranda, responsable des projets de réduction des risques au sein d’ABD, comprennent :

  • la supervision de sites de consommation qui offrent un environnement sûr et hygiénique pour la consommation de méthamphétamine. Cette supervision serait réalisée par un personnel formé, contribuant ainsi à réduire le risque de surdosage ; des pipes de méthamphétamine, fournies aux personnes qui en ont besoin pour consommer leur drogue, mais qui ne sont pas distribuées à tout le monde sans distinction ;
  • un contrôle de la drogue pour les consommateurs, afin de tester la pureté des substances et de vérifier la présence de possibles contaminants, permettant ainsi aux consommateurs de prendre des décisions éclairées sur leur consommation ;
  • des services de conseil et de soutien pour aider les utilisateurs de méthamphétamine à réduire les risques associés à la consommation de drogues en fournissant des informations et des ressources qui peuvent inclure des conseils individuels ou en groupe, un soutien par des pairs et l'orientation vers d’autres services ; 
  • une formation spécifique sur la manière de reconnaître les signes d’usage et de surdosage de méthamphétamine, et les procédures à adopter en cas d’urgence ; 
  • l’établissement d’une communauté pour fournir aux consommateurs de drogues un environnement sûr et encadré pour discuter de leurs expériences, recevoir un soutien émotionnel et réduire leur isolement social.

En 2022, l’ABD a recueilli 161 échantillons de méthamphétamine d’une pureté médiane de 78,2%, l'organisation a également rencontré 607 utilisateurs de méthamphétamine, distribué 1.528 pipes, supervisé 4.115 consommations dans des salles de consommation de drogues et mis en place 5 groupes d’éducation à la santé dirigés par des pairs. 

Bien qu’en Europe, la réduction des risques comprenne une large gamme de services, elle pourrait s’étendre encore pour offrir davantage de soutien en matière de santé mentale et une aide à l’emploi, ou encore des salles de consommation de drogues adaptées aux femmes. Il est important de noter que les programmes de réduction des risques ne constituent qu’une partie d’une approche plus large de la lutte contre la consommation de drogues et les risques associés. D’autres approches, telles que la prévention et le traitement, sont cruciales pour une stratégie antidrogue à multiples facettes.