La protection cardiovasculaire apportée par le poisson ne bénéficie pas à tout le monde…

  • Mohan D & al.
  • JAMA Intern Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • La compilation des données individuelles issues de quatre études de cohortes prospectives internationales montre que l’association entre la consommation de poisson et le pronostic cardiovasculaire diffère selon l’existence d’antécédents. Si le risque d’évènements cardiovasculaires majeurs (ECVM) et/ou de mortalité est réduit en cas de consommation de poisson supérieure à 175 g/semaine (environ 2 portions, versus moins de 50 g/semaine) chez les personnes à haut risque ou souffrant de maladies CV (hypertension, diabète…), aucune association n’a été identifiée chez les personnes sans risque particulier.

La consommation de deux portions hebdomadaires de poisson est recommandée pour son apport en acides gras à longue chaîne de type oméga-3. Les données observationnelles suggèrent un bénéfice modeste de la consommation de poisson sur le risque d’ECVM, mais elles distinguent rarement les personnes selon l’existence ou non d’antécédents. De plus, aucune étude interventionnelle n’a été conduite en prévention primaire pour évaluer le bénéfice clinique d’une consommation suffisante et régulière de poisson. Enfin, les méta-analyses, non fondées sur les données individuelles des études incluses, ont conduit à des conclusions contradictoires. Afin de trancher le sujet, une équipe internationale a compilé les données individuelles issues de quatre grandes études prospectives.

Méthodologie

Cette analyse a poolé les données de 147.645 sujets issus de l'étude PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology) âgés de 35 à 70 ans (5,3% d’antécédents CV), 31.491 sujets âgés de 55 ans ou plus et présentant une maladie vasculaire ou un diabète issus d’ONTARGET (Ongoing Telmisartan Alone and in Combination With Ramipril Global End Point Trial) ou de TRANSCEND (Telmisartan Randomized Assessment Study in ACE Intolerant Subjects With Cardiovascular Disease) et 12.537 patients (âge moyen 63,5 ans) présentant des facteurs de risque cardiovasculaire ou des troubles de la glycémie et ayant participé à une étude comparant un traitement par insuline glargine ou par soins standards avec ou sans supplémentation en acides gras ω-3. Tous avaient répondu à des questionnaires alimentaires et le suivi était compris entre 4 et 9 ans.

Principaux résultats

Au total, le taux de décès au cours du suivi a été de 6,4% pour ceux sans maladie cardiovasculaire (MCV) et 13,1% pour ceux ayant des antécédents, tandis que le taux d’ECVM était respectivement de 4,9% et 16,6%.

L’analyse de chaque cohorte prise séparément a permis d’observer l’absence d’association entre taux de consommation de poisson et fréquence des ECVM ou des décès dans la cohorte PURE. En revanche, il existait bien une association entre les deux paramètres pour les autres cohortes.

Une fois l’ensemble des données poolées et après ajustement multivarié, une consommation minimale de poisson de 175 g/semaine (environ 2 portions/semaine) était associée à un risque plus faible d’ECVM ou de mortalité qu’une consommation inférieure à 50 g/semaine chez les personnes à haut risque ou présentant des antécédents CV (HR 0,84 [0,77-0,92], p=0,008 et HR 0,83 [0,76-0,91], p<0,001). Une consommation supérieure à 350 g/semaine n’apportait pas de bénéfice supplémentaire. Chez les populations sans antécédent, en revanche, une consommation de poisson même élevée (≥350 g/semaine) ne permettait pas d’améliorer le pronostic que ce soit en termes d’ECVM ou de mortalité (HR 0,97 [0,88-1,08], p=0,24 et 0,97 [0,88-1,06], p=0,48 respectivement), ni d’améliorer le critère composite associant les deux (HR 0,97 [0,90-1,04], p=0,18) en comparaison des plus faibles mangeurs.

Les conclusions étaient similaires concernant les risques de mort cardiaque subite : seules les personnes à haut risque ou ayant des antécédents bénéficiaient d’une consommation élevée (HR 0,79 [0,63-0,99] pour ≥350 g/semaine versus ≤50 g/mois, p=0,04)