La prise en charge belge de Français en situation de handicap
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
On estime qu’environ 8.233 citoyens français en situation de handicap vivent dans des institutions situées en Wallonie, une région francophone du sud de la Belgique et limitrophe du territoire français. Ces personnes sont le plus souvent atteintes de troubles intellectuels et/ou psychiques. Pourquoi leurs parents adoptent-ils cette solution ? Pour répondre à la question, une équipe belge a réalisé 23 entretiens avec des parents concernés (majoritairement d’enfants autistes), ainsi qu’avec des représentants d’ONG (organisations non gouvernementales) et des directeurs d’institutions belges1.
La première raison évoquée est le manque de structures d’accueil en France, mentionné par presque toutes les personnes interrogées. Il s’agit donc le plus souvent d’un choix imposé. La situation est particulièrement critique en Île-de-France. Ainsi, le département de Seine-Saint-Denis compte 1.000 adultes et 400 enfants sans solution de prise en charge. Les personnes ayant des formes multiples ou sévères de handicap sont particulièrement exposées à cette carence.
La seconde raison est la qualité et la diversité des structures d’accueil belges. Beaucoup de parents considèrent qu’elles mettent davantage l’accent sur les aspects éducatifs, au contraire des structures françaises qui se soucient plus de la dimension médicale de la prise en charge. Pour eux, la démarche belge a l’avantage de mieux stimuler l’autonomie des enfants. Globalement, ils sont plutôt satisfaits des soins prodigués en Belgique.
Certains professionnels français prenant en charge ces patients se rendent eux aussi dans les établissements wallons, régulièrement. Avec leurs collègues belges, ils ont tissé des réseaux, formels ou informels, qui leur permettent d’échanger leur expertise. Travailleurs sociaux, professionnels de santé ou même directeurs d’établissements, ils orientent souvent les parents vers une solution belge.
Un choix souvent difficile
Cela étant, pour les parents, le choix de placer leur enfant à l’étranger est loin d’être facile et dépend de plusieurs paramètres : leurs revenus, leur proximité géographique avec la Belgique, leur accès aux transports et leur propre état de santé. Ainsi, pour les ménages modestes du sud de la France, la solution belge n’a rien d’évident. Mais pour tous les parents, quel que soit leur lieu de résidence, c’est l’impact de la distance sur la continuité de la vie familiale qui est problématique. Comme le dit une mère : « Si notre fils était plus proche, il pourrait participer un peu plus à tous les événements familiaux. Il se sentirait moins isolé. »
Sur le plan financier, il faut rappeler que le système d’aide français prend en charge le coût des services belges destinés à nos ressortissants. Ces services sont désignés par les autorités belges comme des « services approuvés et financés par une autorité étrangère » (SAFAE). Ils ont un statut juridique distinct des structures belges similaires. Leur financement public par la France, combiné à une forte demande et à des exigences légales moins coûteuses, a conduit à la multiplication de ces institutions, qu’elles soient sans but lucratif (associations) ou à but lucratif (entreprises privées). Le gouvernement français s’est engagé à augmenter le nombre de places d’accueil sur le territoire national, au travers d’un plan doté de 90 millions d’euros, que beaucoup jugent insuffisant2.
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