La prévalence des troubles anxieux et dépressifs s’est accrue durant la pandémie
- Lesage A et al.
- BEH
- Agnès Lara
- Résumé d’articles
À retenir
- Cette enquête, menée par Santé Publique France durant l’année 2020 auprès d’échantillons de la population active française adulte, montre que la prévalence des états anxieux et dépressifs s’est accrue au cours de la pandémie, comme cela a été le cas en population générale.
- La prévalence de l’anxiété a fortement augmenté au cours du premier confinement puis a diminué ensuite, en restant toutefois à un niveau plus élevé. La prévalence des états dépressifs a quant à elle suivi une courbe en U, avec une forte augmentation lors du premier et du deuxième confinement et un niveau plus bas entre les deux.
- Certaines catégories de population ont été identifiées comme étant plus à risque, notamment les personnes ayant dû arrêter de travailler, ainsi que les travailleurs des secteurs des arts, du spectacle, d’activités récréatives et de l’enseignement.
Les mesures de distanciation sociale qui ont accompagné la pandémie de COVID-19 ont bouleversé l’activité économique et les conditions de travail. Éloignement des relations professionnelles et sociales, difficultés à concilier vie professionnelle et familiale en télétravail, peur d’être infecté·e et d’infecter les proches pour ceux qui continuaient à aller travailler, tout cela dans un climat anxiogène et d’incertitude pour l’avenir…: la pandémie a fortement mis à l’épreuve nos capacités d’adaptation et a fait émerger de nouveaux risques pour la santé mentale. L’enquête Coviprev a suivi l’évolution des symptomatologies anxieuses et dépressives au sein de la population active française au cours de la pandémie et en a identifié les groupes les plus à risque. Plusieurs vagues d’enquête se sont succédé entre mars et décembre 2020. Elles ont à chaque fois interrogé via Internet un échantillon de 2.000 personnes adultes résidant en France métropolitaine. Pour être inclus, les participants devaient être actifs c’est-à-dire travailler sur leur lieu de travail, à domicile, ou bien être au chômage partiel ou en arrêt de travail. Les symptomatologies anxieuses et dépressives ont été mesurées par l’échelle HAD.
Prévalence en hausse des états d’anxiété et de dépression
Lors de la première vague d’enquête (V1) menée du 23 au 25 mars 2020, en début du premier confinement, la prévalence des états anxieux dans la population active adulte était de 30,5% (ce chiffre était de 11,7% en 2017). Elle s’est un peu réduite au cours des enquêtes suivantes menées fin mars (V2, 22,8%) et mi-avril (V3, 18,7%), puis s’est stabilisée par la suite. Quelle que soit la période considérée, la prévalence des états anxieux était plus élevée chez les femmes, les moins de 50 ans, les personnes les moins diplômées.
La prévalence des états dépressifs était de 20,9% lors de la 2e vague d’enquête (V2) (à comparer à une prévalence de 8,2% avant pandémie). Elle a ensuite diminué de façon significative entre la V2 et la V3 (17,6%), s’est stabilisée jusqu’à la V6, puis a diminué à la V7 (14,8%) au moment du premier déconfinement, avant de remonter de façon significative lors du deuxième confinement début novembre 2020 (21,2% en V17), sans différence notable entre hommes et femmes quelle que soit la vague d’enquête considérée.
Certaines catégories de populations plus à risque de troubles anxieux et dépressifs
Le fait d’être en arrêt de travail était associé à un risque accru d’état anxieux ou dépressif par rapport aux personnes qui continuaient à aller travailler sur le lieu de leur entreprise. Sur les 3 périodes considérées - 1er confinement, 2e confinement et période intermédiaire - la prévalence des troubles anxieux et dépressifs était plus importante chez les personnes considérant leur situation comme précaire ou ayant eu des antécédents psychiatriques avant la pandémie.
Certaines catégories socio-professionnelles étaient plus à risque de troubles anxieux et dépressifs comme les artisans, les commerçants, les chefs d’entreprise et les employés, tandis que d’autres secteurs comme ceux de la santé humaine et de l’action sociale ou de l’administration étaient davantage protégés.
Les troubles anxieux plus présents chez les femmes et dans le milieu des arts et spectacle
Le fait d’être une femme, de vivre seul, avec un enfant de 16 ans ou moins ou dans un logement exigu augmentait le risque de troubles anxieux. De même, certains secteurs d’activité, finances, immobilier, arts et spectacle, activités récréatives étaient plus à risque de troubles anxieux. Alors que la prévalence de ces troubles était moins importante chez les travailleurs de l’administration publique ou des activités scientifiques et techniques, sur l‘ensemble des périodes considérées.
Les personnes qui travaillaient dans l’enseignement ou l’hébergement et la restauration (surtout lors du 3e confinement pour ces derniers) avaient un risque accru de troubles dépressifs. Ce risque était au contraire plus faible chez les personnes ayant un niveau scolaire supérieur au Bac.
Limites
Le secteur de la santé a été soumis à de fortes tensions durant la pandémie. Ces résultats pourraient s’expliquer par le fait que les soignants disposent de davantage de ressources pour faire face aux situations de stress. Les auteurs soulignent aussi que les données ne permettaient pas de différencier les soignants des autres personnels de ce secteur.
L’extrapolation à l’ensemble de la population française doit rester prudente en raison de la méthode d’échantillonnage et du recrutement par Internet (nécessité de maîtriser les outils informatiques).
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