La PrEP à la demande est efficace pour prévenir l’infection à VIH

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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En 2016, l’essai ANRS IPERGAY avait montré l’efficacité de la PrEP (prophylaxie pré-exposition) à la demande sur l’incidence du VIH dans une population de 362 hommes ayant des relations avec des hommes. Cela vient d’être confirmé par l’étude ANRS Prévenir lancée en mai 2017, dont les résultats ont été présentés lors de la Conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI, 9 mars 2021).

Elle a inclus 3.067 participants d’Île-de-France ayant de « fortes vulnérabilités » au VIH. Presque tous (98,5%) étaient des hommes ayant des rapport sexuels avec des hommes et plus de la moitié (56%) utilisaient déjà la PrEP avant leur inclusion dans l’étude. Près de la moitié d’entre eux (49,5%) ont choisi de prendre la PrEP à la demande, c’est-à-dire avant et après les rapports sexuels. Les autres la prenaient de façon continue (un comprimé par jour). Ce traitement préventif consiste en un comprimé associant deux molécules antirétrovirales : l’emtricitabine et le fumarate de ténofovir disoproxil. Il est disponible sous forme génériquée (utilisée par plus de 90% des patients de l’étude).

Des échecs par manque de respect du protocole

Au bout d’un suivi moyen de 22 mois, seuls six participants ont été infectés par le VIH, ce qui correspond à une incidence du VIH de 1,1 pour 1 000 participants par année, dans le groupe « à la demande » comme dans le groupe « continu ». Tous avaient interrompu la PrEP avant l’infection, ne respectant donc pas le protocole, et avaient continué à avoir des rapports sans préservatif. Si on se rapporte au bras placebo de l’essai ANRS IPERGAY (incidence de 6,6% d’infections à VIH), cela correspond à 361 infections évitées.

La tolérance de la PrEP a été « très satisfaisante » : aucun patient n’a dû interrompre la PrEP pour une toxicité rénale et seules trois personnes ont dû l’interrompre pour des problèmes digestifs (nausées ou diarrhées).

Au cours de l’étude, le nombre moyen de partenaires des participants a diminué, mais le nombre de rapports sexuels et de rapports sexuels sans préservatif a augmenté, en particulier chez ceux qui ne prenaient pas la PrEP avant leur inclusion dans l’étude. Au total, 18% des rapports sexuels ont été protégés par un préservatif.

L’incidence de l’hépatite C a été relativement élevée (0,7% participants par année), ainsi que celles des infections bactériennes sexuellement transmissibles (75,5% des participants par année). Deux sous-études sont en cours pour réduire ces chiffres : la première vise l’élimination de l’hépatite C par une stratégie de test and treat, la seconde, Doxyvac, évalue l’intérêt d’une prophylaxie post-exposition par la doxycycline et d’une vaccination contre le méningocoque B en prévention  des infections à Chlamydia, syphilis et gonocoques.