La polyarthrite rhumatoïde difficile à traiter reste un concept hétérogène

  • Roodenrijs NMT & al.
  • Ann Rheum Dis

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

Selon une enquête de l’EULAR, le concept de polyarthrite rhumatoïde (PR) difficile à traiter est hétérogène, les 410 rhumatologues ayant déclaré retenir pour cela des paramètres cliniques différents : mauvais contrôle de la maladie, valeur de DAS28, nombre d’échecs sous DMARD, fatigue associée, incapacité à réduire la corticothérapie… Selon eux, les manifestations extra-articulaires ou les comorbidités concomitantes peuvent aussi complexifier la prise en charge. Aussi, la PR difficile à traiter est un concept ambigu que l’EULAR pourrait mieux encadrer et intégrer dans ses recommandations. Ce qui serait l’occasion d’apporter parallèlement des précisions sur certains aspects de la prise en charge que les praticiens estiment insuffisamment abordés par les guidelines : manifestations extra-articulaires ou comorbidités concomitantes, mais aussi gestion de la douleur et du traitement (dégressivité des posologies, polymédication…).

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

La complexité de la polyarthrite rhumatoïde est-elle définie par l’échec des traitements, l’activité de la maladie ou par une situation clinique complexe ? La notion n’étant pas définie clairement, l’EULAR a voulu savoir ce que les spécialistes y incluaient.

Méthodologie

L’enquête a compris 4 questions à choix multiples dont l’intitulé était : « Quelle devrait être la définition d’une maladie mal contrôlée dans la définition de la PR difficile à traiter » ? « La fatigue devrait-elle être incluse dans la définition de maladie mal contrôlée ? », « Quels traitements et combien doivent avoir échoué avant de déclarer une PR difficile à traiter ? » et « comment les glucocorticoïdes devraient-ils être mentionnés dans les critères de PR difficile à traiter ? ». Deux questions ouvertes étaient ensuite proposées, dans lesquelles les participants pouvaient préciser les critères additionnels qui leur semblaient opportuns d’intégrer dans cette notion, ainsi que les aspects de prise en charge non développés dans les recommandations de l’EULAR.

Principaux résultats

  • Parmi les 410 rhumatologues participants, 385 étaient européens.

  • Pour 50% des répondants, la maladie mal contrôlée correspondait à un score DAS28>3,2 ou ≤3,2 avec des signes évocateurs d’une activité inflammatoire tandis que 27% plaçait ce seuil à 5,1.

  • La fatigue devait être intégrée dans la notion de complexité pour 42% des participants.

  • Un rhumatologue sur deux (48%) estimait qu’au moins 2 traitements de fonds (DMARD) synthétiques et au moins 2 DMARD ciblés devaient avoir échoué, tandis que 28% plaçaient le seuil du nombre de DMARD ciblés à 3 et que 14% estimaient que 1 DMARD synthétique et 2 DMARD ciblés suffisaient à définir la difficulté à traiter.

  • Enfin, pour 89% des répondants, l'incapacité à réduire la posologie des corticoïdes (48% sous 10 mg/j, 43% sous 5 mg/j équivalent prednisolone) devait être prise en compte, alors que 5% estimaient ne pas devoir inclure le paramètre dans cette notion.

  • Les comorbidités et les manifestations extra-articulaires étaient les deux principaux paramètres additionnels cités par les rhumatologues pour définir la PR difficile à traiter (44% et 36%) respectivement. Ces deux aspects, ainsi que la gestion du traitement étaient cités comme principaux points à renforcer dans les recommandations actuelles.