La participation au dépistage du cancer du sein favorise-t-elle la participation à d’autres dépistages de cancer ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une enquête montre que les trois-quarts des femmes ont participé aux trois campagnes de dépistages du cancer du sein auxquels elles ont été invitées.
  • Cependant, une proportion significative de femmes n’y a jamais participé ou seulement de manière irrégulière. Elles participeraient de manière irrégulière également aux autres dépistages organisés (cancer du col de l’utérus et colorectal).
  • À noter qu’une part non négligeable de femmes réalisent des dépistages opportunistes notamment de cancer du sein et du col de l’utérus.
  • Cette enquête souligne qu’il est important que les professionnels de santé continuent à sensibiliser les femmes aux bénéfices de ces dépistages.

Pourquoi est-ce important ?

À l’âge de 50 ans, une femme française est invitée à participer à 3 dépistages organisés de cancer (sein, col de l’utérus, colorectal). Certaines données comme celles de Santé Publique France indiquent que seulement 49,3% des femmes concernées avaient participé au dépistage du cancer du sein en 2018-2019 (pour des objectifs Européens fixés à 70%). Il est donc utile de mieux comprendre qui réalise ou non ces dépistages organisés, quels en sont les freins, et les autres alternatives mises en place.

Méthodologie

Un questionnaire a été transmis à des femmes âgées de 56 ans résidant dans quatre départements français dans le but d’identifier leurs habitudes concernant le dépistage organisé du cancer du sein et les éventuelles raisons de non-participation. Les femmes ont été classées en 3 groupes (3, 1-2, 0) en fonction du nombre de leur participation à ce dépistage organisé depuis leurs 50 ans.

Principaux résultats

Sur 17.194 questionnaires transmis, 4.634 (27%) ont été recueillis et analysés. Il y avait plus de femmes mariées (73%) et qui travaillaient (84%) parmi celles qui avaient assisté aux 3 vagues de dépistage organisé auxquelles elles avaient été conviées depuis leurs 50 ans. En revanche, ni le nombre d’enfants, ni le niveau d’éducation ne distinguaient les femmes des trois groupes. Parmi les femmes ayant répondu, 76% avaient participé aux trois vagues de dépistage organisé, 16% n’y avaient assisté qu’une ou deux fois et 8% n’y avaient jamais assisté. Au global, 27% des femmes ayant répondu au questionnaire ont évoqué avoir eu une ou plusieurs mammographies après 50 ans, en dehors du programme de dépistage organisé du cancer du sein (dont 68% de celles qui n’y avaient jamais participé et 43% de celles qui avaient participé à un dépistage ou deux dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein).

Parmi les femmes qui avaient participé aux 3 dépistages organisés du cancer du sein, près de 6 sur 10 avaient également participé aux 3 vagues de dépistage organisé du cancer colorectal et près de 9 sur 10 avaient eu un frottis dans les 3 dernières années. 

Du côté des femmes qui pouvaient sembler moins assidues au dépistage du cancer du sein, la moitié (50,5%) n’avaient pas été régulières dans le suivi du dépistage du cancer colorectal. Parmi les femmes qui n’avaient jamais assisté à un dépistage organisé de cancer du sein, 54% n’avaient jamais réalisé de dépistage organisé du cancer colorectal non plus.

La réalisation de dépistage opportuniste de cancer du col de l’utérus concernait 90% des femmes ayant répondu, mais de façon disparate, celles qui réalisaient le dépistage du cancer du sein comme prévu tous les 2 ans étaient près de 9 sur 10 à avoir réalisé un frottis dans les 3 dernières années, contre seulement 7 sur 10 pour celles qui n’avaient jamais réalisé de mammographie de contrôle. Un peu moins de 6% des femmes n’avaient jamais assisté à un dépistage organisé pour le cancer du sein ou eu de dépistage cervical.

Les principales raisons évoquées pour la non-participation régulière au dépistage du cancer du sein étaient les suivantes : examen douloureux, crainte des résultats, négligence de leur part, doutes concernant le dépistage, avec notamment la crainte de complications dans le temps. Enfin, près de 60% des femmes qui n’ont pas participé aux trois dépistages du cancer du sein, envisagent de le faire dans le futur.