La nutrition, un facteur fondamental de risque ou de protection des cancers

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Si le tabac reste de loin le premier responsable du nombre de cancers en France, 16 à 20% d’entre eux sont cependant attribuables à des facteurs nutritionnels (alimentation, activité physique, statut pondéral et consommation d’alcool), soit une incidence de 70.000 cas par an. L’Institut national du cancer (Inca) vient de publier une fiche repère sur le sujet. Elle rappelle en préambule qu’il « n’existe pas un aliment miracle qui seul pourrait protéger ou guérir du cancer. »

Facteurs de risque de survenue d’un cancer

L’alcool est le deuxième facteur de risque après le tabac, responsable de 8% des nouveaux cas pour l’année 2015 (28.000 cas). La localisation la plus fréquente était le sein (8.081 nouveaux cas), le cancer colorectal (6.654), la cavité buccale et le pharynx (5.675), le foie (4.355), l’œsophage (1.807) et le larynx (1.284). L’alcool est également impliqué dans le cancer de l’estomac, avec un niveau de preuve « probable ». Le risque augmente avec la quantité consommée, de façon linéaire pour le cancer du sein. Pour des raisons mal élucidées, l’alcool est en revanche protecteur à l’égard du cancer du rein.

La surcharge pondérale (surpoids et obésité) est estimée responsable de 18.634 nouveaux cas de cancers en 2015 (5,4% du total), concernant 14 localisations, principalement colorectale et le sein. L’Agence rappelle que cette année, la prévalence du surpoids s’élevait à 37% chez les hommes et 27% chez les femmes, l’obésité atteignant 17% de la population pour chaque sexe. Elle suit un gradient social, les personnes les plus défavorisées ayant une prévalence plus élevée.

La consommation excessive de viandes et de charcuterie a contribué à près de 5.600 nouveaux cas de cancer colorectal en 2015. Pour rappel, la consommation recommandée de viande (hors volailles) est de 500 g par semaine et celle de charcuterie de 150 g par semaine. Une association est suggérée par les données épidémiologiques entre le cancer de l’estomac et les cuissons à haute température (fritures, grillades, barbecue), mais avec un niveau de preuve limité.

La supplémentation en bétacarotène est associée à une augmentation du risque de cancer du poumon chez les fumeurs et ex-fumeurs. D’une manière générale, l’Inca ne recommande pas la consommation de compléments alimentaires.

Facteurs protecteurs

Les aliments riches en fibres sont associés à une diminution du risque de cancer colorectal, en particulier les céréales complètes. Seuls 13% des adultes français en consomment au moins 25g par jour. Les fruits et légumes sont associés à une diminution du risque de l’ensemble des cancers aérodigestifs. Mais 72% des adultes de 18 à 54 ans en consomment moins de 5 par jour.

L’activité physique est associée à une diminution du risque des cancers du côlon, du sein et de l’endomètre. Son manque a été responsable de 2.973 nouveaux cas de cancers en 2015. En France, près d’un adulte sur cinq cumulait un niveau de sédentarité élevé et un niveau d’activité physique inférieur aux recommandations. Seuls 23% des enfants de 6 à 17 ans atteignaient la recommandation d’une heure d’activité physique par jour, le temps passé devant les écrans ayant considérablement augmenté depuis dix ans.

La consommation de produits laitiers est associée à une diminution du risque de cancer colorectal. En 2015, plus d’un tiers des Français était en dessous des recommandations de deux portions de produits laitiers par jour.