La nutrition personnalisée et ciblée : de la recherche à la clinique

  • Nathalie BARRÈS
  • Actualités Médicales
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La nutrition personnalisée pourrait être définie comme une intervention utilisant des informations sur les caractéristiques individuelles et les réactions individuelles aux aliments et aux nutriments pour élaborer des conseils nutritionnels ciblés visant à améliorer la santé de chaque individu. 

Une récente revue de la littérature souligne que l’objectif de la nutrition personnalisée est de réduire la charge de la morbi-mortalité des maladies non transmissibles. Aujourd’hui, ces approches sont principalement concentrées sur l’obésité, les maladies cardiométaboliques mais de plus en plus d’efforts de recherche portent sur la prévention primaire et secondaire du cancer. L’Intelligence artificielle et les nouvelles technologies seront dans ce domaine d’une grande aide pour intégrer en temps réel les données nutrigénomiques et connexes.

Avancées majeures de la recherche contre le cancer

La recherche a profondément avancé sur la compréhension du développement des cancers et notamment sur le rôle fondamental de l’immunité et de la reprogrammation métabolique qui implique une altération ou un détournement de voies métaboliques aux dépens des voies physiologiquement actives de la cellule saine. Le dérèglement de l'homéostasie redox est à l'origine de plusieurs caractéristiques du cancer et contribue au développement des tumeurs. La recherche a notamment beaucoup appris sur la biologie du cancer grâce aux formes héréditaires relativement rares. Les preuves que les variations de la séquence des gènes codant pour les systèmes de défense du génome peuvent être modifiées par des facteurs alimentaires s’accumulent. S’il existe des preuves que les composants alimentaires peuvent moduler les relations entre les variantes des gènes de réparation de l'ADN et le risque de cancer, à ce jour, il existe relativement peu d'études d'intervention chez l'homme qui ont testé la causalité des interactions. 

 

Rôle de la nutrition dans la cancérogenèse et la prévention du cancer

Le 3e rapport du World Cancer Research Fund (WCRF)/American Institute of Cancer Research (AICR) intitulé "Diet, Nutrition, Physical Activity and Cancer: a Global Perspective" (Alimentation, nutrition, activité physique et cancer : une perspective mondiale) publié en 2018, a confirmé que le mode de vie influence le risque de cancer colorectal (CCR). En particulier, le WCRF/AICR considère qu'il existe des preuves solides vis-à-vis du CCR avec : des effets bénéfiques de la pratique d’une activité physique et de la consommation d'aliments complets et de fibres alimentaires ; des effets délétères du surpoids et de l'obésité, de la consommation excessive de viande rouge, de viande transformée, d'alcool et du tabagisme. 

Bien que les mécanismes de l'impact de ces facteurs de mode de vie sur les processus cancérigènes au sein des cellules souches de l'épithélium du gros intestin ne soient pas entièrement établis, il est probable que chaque facteur influe sur l'acquisition de lésions génomiques, la capacité de ces cellules souches à réparer ces lésions et/ou la signalisation des processus apoptotiques. Ces effets peuvent se produire directement mais, dans la plupart des cas, ils sont susceptibles d'être médiés par une inflammation locale ou systémique, un stress métabolique et/ou des changements redox cellulaires. 

Par ailleurs, l'effet protecteur d'un apport plus élevé en fibres alimentaires contre le CCR peut être médié par l'acide gras à chaîne courte (AGCC) butyrate qui est produit par la fermentation bactérienne des hydrates de carbone non digérés dans le gros intestin. Il est maintenant admis qu’il existe des interactions complexes entre la nutrition, l'immunité, l'inflammation et le risque de cancer. Une grande attention est aujourd’hui accordée aux rôles de nutriments spécifiques tels que les acides gras à longue chaîne dans la modulation de l'inflammation, aux carences en zinc, en sélénium et autres micronutriments dans l'altération de la fonction immunitaire, aux bioactifs alimentaires dans la modulation des réactions immunitaires et à l'acide aminé non essentiel glutamine en tant que source d'énergie pour les cellules immunitaires. 

De nouvelles données suggèrent également que le microbiome intestinal pourrait jouer un rôle de médiateur dans certaines relations entre la nutrition, l'immunité, l'inflammation et le risque de cancer. L'obésité est due à un apport excessif soutenu d'énergie alimentaire par rapport à la dépense énergétique et constitue un facteur de risque majeur pour 13 types de cancer, dont le cancer colorectal.