La mortalité infantile française augmente depuis 2012
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Alors qu’elle était de 3,32 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2012, la mortalité infantile (enfants de moins de 1 an) française était de 3.56 /1.000 en 2019, soit une augmentation de 7% en 5 ans. Une première dans l’histoire du pays, qu’il convient d’interroger.
Depuis 1945, la France a connu, à l’instar d’autres pays à haut revenu, une baisse de la mortalité infantile, qui constitue un marqueur déterminant de l’amélioration des conditions de vie et de la qualité des soins. Mais le phénomène a commencé à se tasser au début des années 2000. Parce qu’il n’existait pas de données actualisées sur les tendances de cet indicateur en France, des chercheurs et chercheuses français ont, en collaboration avec une équipe américaine, analysé les chiffres de l’INSEE (l’Institut national de la statistique et des études économiques) sur la période 2001-2019. Leurs résultats ont été publiés par The Lancet Regional Health Europe.
Ainsi, entre 2001 et 2019, 53.077 décès ont été enregistrés chez les enfants de moins de 1 an parmi les 14.622.096 naissances vivantes, soit un taux de mortalité infantile moyen de 3,63/1.000, un peu plus élevé chez les garçons que chez les filles (4,00 vs 3,25). Les tendances temporelles sont hétérogènes : ce chiffre tendait à diminuer entre 2001 et 2005, d’environ -0,0167 décès/1.000 naissances vivantes/mois. Cette amélioration s’est ensuite ralentie, pour passer à une baisse moyenne de -0,0041 décès/1.000 naissances vivantes/mois. Cependant, la tendance s’est inversée à partir de 2012 avec une pente de 0,0033/1.000 naissances vivantes/mois.
Les premiers jours sont les plus à risque
L’analyse a montré que la moitié de ces décès avaient lieu au cours de la première semaine de vie (47,7%) et même que le quart avaient lieu le premier jour suivant la naissance. Et les analyses en sous-groupes mettent en évidence des tendances distinctes pour les différentes classes d’âge : sur la période 2012-2019, ce sont bien les décès précoces ayant eu lieu entre J0 et J6 qui ont spécifiquement augmenté (pente 0,031/1.000 naissances/mois) ; les décès ayant eu lieu sur le reste du premier mois de vie ou au cours des 11 mois suivants étant, eux, respectivement à la baisse ou stables (respectivement -0,0111 et 0,0009/1.000 naissances/mois).
Ainsi, la dynamique épidémiologique française tend à s’éloigner de celle d’autres pays occidentaux. Le Royaume Uni connaît la même tendance, mais il est important de mieux comprendre l’origine de ce phénomène. Les analyses de sensibilité écartent l’idée qu’il soit lié à une modification des pratiques d’état-civil, ou des pratiques médicales dans la prise en charge des nouveau-nés atteints d’affections graves. En revanche, le nombre de femmes enceintes ayant des facteurs de risque (surpoids, obésité, tabagisme, âge>35 ans) tend à augmenter tout comme le nombre de mères de niveau socio-économique modeste ou nées hors de France, alors qu’elles ont souvent un recours aux soins non optimal.
L’exploration des motifs sous-jacents doit constituer une priorité de santé publique, ce qui n’est pas le cas actuellement.
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