La mauvaise santé somatique des joueurs pathologiques

  • Benchebra L & al.
  • Presse Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Si les études dédiées restent limitées et hétérogènes, les jeux d’argent (gambling) et les jeux vidéos (gaming) ont une incidence sur la santé somatique des joueurs pathologiques. Or, en France 600.000 personnes seraient concernées par la seule addiction aux jeux d’argent. Et si l’épidémiologie de l’addiction aux jeux vidéos n’est pas établie, on estiome que 5% des jeunes de 17 ans déclarent avoir jouer 5 à 10h par jour tous les jours au cours de la dernière semaine. Ces pathologies, ainsi que les plaintes somatiques qui leurs sont associées ne doivent pas être méconnues ou sous-estimées en soins primaires. Une revue récemment publiée dans Presse Médicale permet d’en relever les principales caractéristiques.

Une plainte commune : les troubles du sommeil

Concernant les jeux d’argent, 14 études ont été recensées (dont 10 transversales et 11 menées aux États-Unis), qui ont regroupé 56.179 sujets, tous majeurs. Globalement, les joueurs pathologiques présentaient une prévalence importante des troubles du sommeil (comprise entre 35 et 68%), suivie des troubles digestifs, des céphalées et des coronaropathies (prévalence respective estimée à 20-40%, 20-30% et 12-23%). Celles qui se sont penchées sur la question ont décrit que la prévalence de ces symptômes était supérieure à celle relevée dans le reste de la population (joueurs non pathologiques ou non-joueurs).

Concernant les jeux vidéos, 14 études ont été recensées (dont 10 transversales, 3 menées spécifiquement chez les adolescents et 5 menées en Europe), qui ont regroupé 63.887 sujets, tous âgés de moins de 40 ans. Elles ne proposaient pas de prévalence mais elles ont permis d’établir les principales plaintes qui étaient majoritairement des troubles du sommeil puis des douleurs articulaires au niveau des poignets et des lombaires majoritairement. Les céphalées et les troubles de la vision étaient aussi souvent évoquées.

Limites et perspectives

Les auteurs de cette revue soulignent qu’il est délicat de conclure avec certitude sur ces données du fait de l’hétérogénéité des protocoles, de la définition de l’addiction utilisée, de l’origine des études et de la nature des outils d’évaluation utilisés. De plus, peu d’entre elles ont ajusté leurs résultats par rapport aux comorbidités psychiatriques ou addictives et toutes ont été menées par autodéclaration des participants. Cependant, le lien entre addiction au jeu et troubles somatiques semble exister et doit conduire les praticiens à ne pas banaliser les principales plaintes (troubles du sommeil, douleurs articulaires et pathologies cardiovasculaires) en consultation de routine.