La guerre peut-elle faire craindre un rebond de l'épidémie de COVID en Ukraine ?

  • Marcia Frellick
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  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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Alors que l’épidémie de Covid-19 est dans sa phase descendante en Ukraine, la guerre pourrait inverser cette tendance en raison des faibles taux de vaccination et des regroupements de résidents poussés à se cacher ou s’entasser dans les transports pour quitter le pays, s’inquiètent certains experts.

Aussi, les patients développant des formes sévères dans les villes assiégées pourraient être confrontés à des hôpitaux déjà remplis de patients Covid et de blessés de guerre dans un contexte de manque croissant de matériel médical, y compris en oxygène – primordial pour de nombreux patients et pas seulement pour ceux atteints de Covid.

« C'est un mauvais mix de patients, certains atteints de Covid et d’autres avec des blessures de guerre », a indiqué le Dr Eric Toner (Johns Hopkins Center for Health Security à Baltimore, Maryland) à Medscape Medical News.

Le Dr Toner précise que le transport d'oxygène liquide et en bouteille est « problématique et dangereux dans une zone de guerre » et augmente le risque d’accident.

Avant l'invasion russe la semaine dernière, rapporte le Dr Toner, les cas de Covid en Ukraine avaient chuté d'environ 30% par rapport au pic d'Omicron. Selon les données de l’Université Johns Hopkins, le 10 février, le nombre de cas était de 43 477 alors que le 24 février il était de 27 538.

Pendant la crise, souligne le Dr Toner, il sera difficile de suivre la propagation du virus. « Je pense qu'il va y avoir une augmentation des cas de Covid, mais, en l’absence de données, personne ne saura quelle est son importance ou sa gravité ».

Il note que des photographies et des vidéos montrent des foules non masquées entassées dans des stations de métro, des sous-sols et dans des transports vers des pays comme la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie.

De plus, dit-il, « l'Ukraine avait un faible taux de vaccination – environ 35% – avant le début de la guerre et je suis sûr que désormais personne ne fait plus de vaccinations. Les gens ne vont pas se concentrer sur la pandémie en Ukraine pendant un bon moment ».

Pour le médecin américain, les pays voisins doivent se préparer à une augmentation du nombre de personnes nécessitant des soins médicaux pour Covid.

Heureusement, souligne-t-il, de nombreux pays environnants ont des taux de vaccination élevés et ils ont déjà dépassé le pic de la vague d'Omicron. Ils auront des niveaux d'immunité élevés.

 

Attention au facteur peur

Pour le Dr Ron Waldman (professeur émérite de santé mondiale à l'Université George Washington à Washington, DC), interrogé par Medscape Medical News, s’inquiéter de la propagation du Covid pourrait être prématuré.

Le Dr Waldman, qui vit actuellement au Portugal, indique que bien que le Covid augmente dans certaines parties du monde, le nombre de cas en Europe, comme aux États-Unis, chute rapidement.

« L'incidence du Covid semble décliner partout, quel que soit le statut vaccinal », précise-t-il.

Il reconnait qu'avec une densité de population plus élevée, les personnes infectées peuvent entrer en contact plus facilement avec des personnes non infectées. Aussi, une mobilité accrue est également considérée comme un facteur de risque supplémentaire de propagation du Covid.

Cependant, il note que « les réfugiés font souvent peur, qu’ils sont stigmatisés et qu’on leur fait porter des étiquettes qu'ils ne méritent pas. Je pense que les chiffres sont maintenant d'environ un demi-million de personnes – qui fuient un conflit armé par peur pour leur vie et celle de leur famille. Leur coller une étiquette de « diffuseurs de Covid » ne doit pas entrer dans l'équation. »

Etant donné la baisse des cas et le fait que l'infection liée au variant Omicron est moins sévère, « je ne pense pas que la peur du Covid des réfugiés doive interférer avec l’humanité dont nous devons faire preuve. »

Cet article a été écrit par Marcia Frellick, initialement publié sur Medscape.com et traduit par Aude Lecrubier pour Medscape France.