La France reste un pays moteur de la dynamique démographique européenne

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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Deux publications, respectivement de l’INED (Institut national des études démographiques)1 et de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques)2, font le point sur l’état actuel de la démographie française et donnent de premières indications sur l’impact de l’épidémie de Covid-19.

Des disparités régionales

Au 1er janvier 2022, la France avait 67,8 millions d’habitants, soit 187.000 de plus qu’un an auparavant. Ce chiffre ne doit pas masquer d’importantes disparités géographiques : le nombre de régions dont la population a diminué est passé de 5 entre 2011 et 2016 à 12 entre 2016 et 2021.

Le solde naturel en 2021 a été de +81.000, alors que pour la deuxième année consécutive, le solde migratoire lui a été supérieur (estimation entre +106.00 et +140.000), confirmant l’augmentation de la composante migratoire à la dynamique démographique du pays. La France est l’un des neuf pays européens dont le solde naturel est positif.

En 2021, 742.500 enfants sont nés en France, soit 7.300 de plus qu’en 2020, mais 10.900 de moins qu’en 2019. Le rattrapage n’a donc été que partiel. Il s’est produit essentiellement à partir de l’été 2021. Cette augmentation a été presque entièrement due à une augmentation de la fécondité, avec un indice conjoncturel de fécondité étant passé de 1,80 enfants par femme en 2020 à 1,83 enfants par femme en 2021. La France reste le pays d’Europe ayant la fécondité la plus élevée, mais elle est à présent talonnée par la Roumanie.

Le recours à l’avortement est resté assez stable en 2021 (224.200) par rapport à 2020 (222.300), mais moindre qu’en 2019 (233.300). La part des IVG (interruptions volontaires de grossesse) par méthode médicamenteuse a augmenté (77% du total). Si l’hôpital est resté le lieu où elles sont le plus souvent pratiquées, la part de celles réalisées en cabinet de ville ne cesse de croître (35% en 2021 versus près de 20% en 2015). Là aussi, la variabilité régionale est forte (taux les plus élevés en Île-de-France, PACA, Languedoc-Roussillon, départements et régions d’outre-mer).

En 2020, pour la première fois, le nombre de PACS (pactes civils de solidarité – 173.894) a été supérieur à celui des mariages (155.000), qui ont cependant connu un important rebond en 2021 (220.000), mais restent un peu moins nombreux qu’en 2019 (224.000). Il est possible qu’il s’agisse de reports s’étalant sur quelques années, d’annulations ou de reports vers un PACS. Les mariages ont été plus nombreux sur le flanc Est du pays alors que les PACS ont été dominants sur la façade atlantique et le Sud-Ouest. Le nombre de divorces a continué à diminuer en 2020 (57.400, en baisse de 13% par rapport à l’année précédente).

Un effet de la crise sanitaire encore imprécis sur l’espérance de vie sans incapacité

En 2021, il y a eu 657.000 décès enregistrés en France, soit 1,70% de moins qu’en 2020, mais 7,2% de plus qu’en 2019. La surmortalité est estimée à 6,3% en 2021, contre 7,5% en 2020. Elle a été particulièrement élevée en Île-de-France et dans le Sud-Est, régions dont la mortalité générale est relativement faible, ainsi qu’en Lorraine, Nord-Pas-de-Calais, Basse Normandie et Picardie.

Après avoir baissé de 7 mois pour les hommes et 5 mois pour les femmes entre 2019 et 2020, l’espérance de vie a augmenté respectivement de 2,4 mois (79,3 ans) et 3,6 mois (85,4 ans) entre 2020 et 2021.

Entre 2008 et 2021, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a augmenté de 2 ans et 8 mois pour les hommes et de 2 ans et 7 mois pour les femmes. En 2021, elle s’est établie à respectivement 11,3 ans et 12,6 ans. Après avoir fortement reculé en 2020, elle a rebondi en 2021 et même dépassé le niveau qu’elle aurait atteint sans crise sanitaire. Cependant, ces données doivent être prises avec précaution, pour deux raisons. D’une part, l’indicateur d’espérance de vie sans incapacité est basé sur un indicateur déclaratif (réponse à la question « Êtes- vous limité, depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement ? »). D’autre part, en 2020, une partie de l’enquête s’est déroulée par téléphone et non en face-à-face et les conditions environnementales inhabituelles (confinement, restrictions aux mobilités) ont pu modifier le ressenti des personnes interrogées. Aussi il faudra attendre au moins les données de 2022 pour juger définitivement de l’effet de l’épidémie de Covid-19 sur l’espérance de vie sans incapacité en France.