La douleur vulvaire n'exclut pas la capacité d'éprouver du plaisir

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude menée auprès de femmes atteintes de douleurs vulvaires chroniques montre que la plupart d’entre elles ont pu éprouver du plaisir vulvaire lors d’activités sexuelles.
  • « La douleur vulvaire chronique n'exclut donc pas la capacité d'éprouver du plaisir vulvaire » confirment les auteurs en soulignant que celles qui ont expérimenté du plaisir avaient une moindre anxiété ou un moindre catastrophisme liés à la douleur. « Il est important de noter que plus de 30% des femmes qui en ont eu ont déclaré que la douleur était positivement affectée par le plaisir, suggérant que celui-ci pourrait être analgésique à divers degrés chez certaines. »

Pourquoi est-ce important ?

Les douleurs chroniques vulvaires, liées à une cause spécifique ou idiopathique (vulvodynie), conduisent à des douleurs lors de l’activité sexuelle, et peuvent conduire à un désir, une excitation ou une satisfaction moindres. Par ailleurs, la douleur chronique peut être associée à des comportements d'évitement et à une anxiété spécifique, voire une amplification du sentiment de menace et d'impuissance face à la douleur (catastrophisme). Quoi qu’il en soit, la douleur et le plaisir peuvent être liés comme le démontrent les pratiques BDSM (bondage, domination, soumission, sadomasochisme) et le fait que des douleurs pouvent être ressenties lors d’une éjaculation ou d’un orgasme. Aussi, la façon dont les femmes atteintes de douleurs vulvaires gèrent la question lors de leur activité sexuelle se pose : des chercheurs ont donc voulu explorer le sujet en essayant d’identifier les caractéristiques du plaisir vulvaire et si son intensité est associée à l’anxiété ou au catastrophisme présentés par les femmes.

Méthodologie

Cette étude transversale a été menée chez des patientes de 17 ans ou plus reçues dans deux centres gynécologiques ambulatoires américains et spécialisés dans les douleurs vulvaires. Le diagnostic des patientes a été établi sur la base d'un historique et d’un examen médical et pelvien complet.

Toutes ont répondu à une question sur leur gêne vulvaire (« Sur une échelle de 0 à 100, où 100 représente la douleur maximale que vous pourriez supporter, quelle valeur donneriez-vous lors de vos symptômes les plus sévères ? ») ainsi qu’à trois questionnaires validés relatifs à l'anxiété liée à la douleur (Pain Anxiety Symptoms Scale-20 ou PASS-20), au catastrophisme de la douleur (Pain Catastrophizing Scale ou PCS) et la fonction sexuelle (Female Sexual Function Index ou FSFI). Celles ayant éprouvé du plaisir vulvaire depuis l'apparition de leurs douleurs ont également répondu à un questionnaire d'évaluation du plaisir vulvaire élaboré par les chercheurs (durée, intensité, zone, etc.).

Principaux résultats

Au total, cette étude a regroupé 547 participantes (âge moyen 41 ans, 74,8% ayant une relation et 92% hétérosexuelles), parmi lesquelles 469 ont pu être incluses dans l’analyse : 296 ayant expérimenté du plaisir, 24 n’en n’ayant jamais expérimenté, 66 n’en ayant jamais ressenti depuis l’apparition de la douleur et 83 femmes n’ayant plus de douleurs vulvaires.

Parmi celles ayant expérimenté du plaisir, 64,7% ont déclaré que la douleur vulvaire n’était cependant jamais agréable. Et si 9,1% indiquaient que la douleur s'aggravait lorsqu'elles éprouvaient du plaisir au niveau vulvaire, 20,4% déclaraient une stabilité, et 23,6% une amélioration perceptible de cette douleur. Et elles étaient 20,8% à déclarer que cette douleur vulvaire était « devenue agréable » au moins la moitié du temps.

Le fait d’avoir expérimenté du plaisir depuis l'apparition de la douleur vulvaire était associé à de meilleurs scores de fonction sexuelle, d’anxiété liée à la douleur, y compris concernant le sous-score spécifique à la peur, et de catastrophisme de la douleur. L’ancienneté de l'expérience du plaisir depuis l’apparition des douleurs était aussi associée à des scores moindres de catastrophisme et d’anxiété liés à la douleur, ainsi qu’à un score d’intensité du plaisir plus élevé.

La masturbation était l'une des activités sexuelles les plus répandues chez les participantes qui avaient été capables d'éprouver du plaisir vulvaire, quel que soit leur statut relationnel.

Principales limitations 

L’étude est monocentrique et basée sur des déclarations, non sur des mesures objectivées.