La consommation de tabac peut-elle diminuer à la faveur d’un évènement de santé ?
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Messages principaux
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Le suivi prospectif mené sur 25 ans auprès des 20.000 participants de la cohorte française Gazel suggère qu’un évènement de santé ayant nécessité des soins médicaux est associé à une légère diminution de la consommation moyenne de tabac durant 5 ans en moyenne. Cependant, cette relation est surtout significative chez les gros fumeurs et lorsque l’évènement avait imposé un arrêt de travail. Ces données peuvent aider à mieux déterminer les cibles et le timing des messages de prévention.
Les évènements de santé peuvent contribuer à modifier la consommation tabagique de deux manières : positivement lorsque l’accident conduit l’individu à prendre conscience du risque associé à cette habitude, ou négativement lorsque l’angoisse liée à l’évènement se traduit par une augmentation de la consommation. Afin de mieux établir cette relation en population, des chercheurs de l’Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) ont conduit une analyse des données issues du suivi prospectif de la cohorte Gazel.
Pour mémoire, celle-ci a recruté 20.000 salariés d’EDF-GDF en 1989 qui ont été suivis annuellement pendant 25 ans. Chaque année, les participants déclaraient leurs données sociodémographiques, leur poids, consommation et évènements de santé. Ils devaient notamment répondre à la question « au cours des douze derniers mois, avez-vous eu un accident ayant nécessité des soins médicaux ?». Si la nature de l’évènement n’était pas déclaré, et donc sujet à interprétation de la part du participant, la formulation permettait d’inclure dans l’analyse un panel d’évènements plus large que celui des évènements directement attribuables au tabac (cancer du poumon, évènement cardiovasculaire) qui sont habituellement suivis dans ce type d’étude. La consommation de tabac de ceux qui avaient déclaré un évènement a ainsi pu être comparée à celles des participants n’en ayant pas déclaré.
Un impact modeste mais positif
Ainsi, les données montraient que les individus ayant subi un évènement consommaient en moyenne 1 à 2 cigarettes en moins chaque semaine, une diminution faible mais perdurant en moyenne 5 années après l’évènement. L’analyse en sous-groupe montrait parallèlement deux éléments importants : d’une part, les gros fumeurs diminuent davantage leur consommation que les petits fumeurs, suggérant une moindre inquiétude de la part de ces derniers ou une moindre interrogation de leur part sur la causalité entre le tabagisme et l’évènement. D’autre part, ceux dont l’accident n’a pas nécessité d’arrêt de travail n’ont pas modifié leur consommation, contrairement aux autres. Cet élément suggère que la sévérité de l’évènement pourrait jouer un rôle, même si le sujet du tabagisme ‘social’ sur le lieu de travail peut aussi influencer cette relation.
Parallèlement, les chercheurs ont constaté que l’accident a parallèlement un impact significativement délétère sur la consommation d’alcool pendant 3 ans. L’IMC, lui, n’était pas modifié au décours de l’accident.
Aussi, malgré les limites de cette étude (cohorte non représentative de la population générale, méconnaissance de la nature de l’évènement et des soins associés) cette étude suggère qu’un message de prévention pourrait avoir plus d’influence sur la consommation lorsqu’il est délivré au décours d’un évènement de santé. L’adaptation de messages envers les petits fumeurs semble aussi nécessaire afin que ceux-ci n’ignorent pas le risque associé à leur tabagisme, avec deux fois plus de maladies respiratoires et huit fois plus de cancers du poumon que chez les non-fumeurs.
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