La consommation de gluten impacterait-elle le risque de diabète de type 2 ?

  • Zong G & al.
  • Diabetologia

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Les résultats d'une étude américaine menée sur près de 20.000 sujets, suivis durant 20 à 28 ans, montrent qu’il existerait une relation inverse entre la consommation de gluten et le risque de développer un diabète de type 2. Cette association serait indépendante des facteurs démographiques, du style de vie et des habitudes alimentaires dont l’apport en céréales complètes. Ainsi, alors que certains évoquaient une association possible entre la forte consommation de gluten - liée à notre alimentation occidentale - et l’épidémie de diabète de type 2, les conclusions de cette étude montrent qu’il n’en serait rien. Les auteurs rappellent également, qu’un régime limitant les apports en gluten chez une population saine, réduit souvent les apports en fibres et en certains nutriments et micronutriments (acide folique et magnésium) utiles pour une bonne santé.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Les données évaluant l’impact de l’effet du gluten sur de larges populations saines sont encore peu nombreuses. Certaines études montrent qu’un apport entre 60 et 80 g/j pourrait diminuer les taux de lipides, la pression artérielle et le stress oxydatif. Cependant, les quantités de gluten évaluées dans les essais cliniques (entre 60 et 100 g/j) sont très supérieures aux quantités réellement consommées, qui selon deux récentes études, l’une danoise et l’autre néerlandaise, seraient plutôt aux alentours de 10 à 13 g/j. Ainsi, évaluer l’impact des quantités réelles de gluten consommées par une large population et sur une longue période constituait un intérêt certain. 

Méthodologie

Cette étude américaine a suivi des femmes de la cohorte NHS (Nurses’ Health Study, n=71.602, 1984-2012) et NHS-II (n=88.604, 1991-2013), ainsi que des hommes de la cohorte HPFS (Health Professionals Follow-Up Study, n=41.908, 1986-2012). Les apports en gluten ont été estimés en utilisant des questionnaires validés de fréquence alimentaire (administrés tous les 2 à 4 ans). Le diabète de type 2 était auto-déclaré sur la base d’un diagnostic médical. 

Principaux résultats

L’immense majorité des personnes suivies consommait en moyenne selon la cohorte évaluée entre 5,8 et 7,1 g de gluten par jour. Les hommes et les femmes qui consommaient le plus de gluten étaient plus susceptibles d’être d’origine caucasienne, non-fumeurs, et de prendre des suppléments vitaminiques. Ils consommaient moins d’alcool (dans deux cohortes sur trois) et pratiquaient plus d’activité physique (deux cohortes sur trois également).

Les résultats de cette étude montrent que la consommation de gluten serait très étroitement corrélée à la consommation de céréales raffinées, d’amidon et de céréales complètes. Ainsi, durant le suivi, 15.947 sujets ont reçu un diagnostic de diabète de type 2. Après ajustement multivarié, le risque de diabète de type 2 diminuait avec la consommation de gluten (p<0,001). Cette relation bien que légèrement atténuée après ajustement sur les céréales complètes, restait significative (p<0,001).

Les analyses ont par ailleurs mis en évidence une corrélation linéaire inverse entre la quantité de gluten consommée et l’incidence du diabète de type 2 (analyse menée entre 2 et 12 g/j). Cette association était renforcée par la consommation de son (p=0,02).

Principales limitations

Comme toute étude observationnelle, la principale limitation est le risque de présence de facteurs résiduels de confusion non pris en compte. Enfin, les sujets inclus étaient exclusivement des professionnels de santé.