La chimiothérapie anticancéreuse détériore le statut nutritionnel des patients gériatriques dès la première cure

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

La malnutrition est fréquente chez les patients souffrant d’un cancer digestif. Et une seule cure de chimiothérapie (CT) suffit à aggraver le statut nutritionnel. Par ailleurs, la faiblesse des patients, mesurée par le rapport de la force de préhension sur l’indice de masse corporelle, représente un marqueur précoce de la fragilité. Si elle ne semble pas être impactée par une seule cure de CT chez les patients naïfs, elle est péjorée chez ceux qui ont déjà reçu des cures précédemment, suggérant un effet cumulatif. Ces derniers doivent donc faire l’objet d’un suivi plus attentif.

Au vu de ces résultats, les auteurs soulignent l’importance d’une évaluation régulière du statut nutritionnel et de faiblesse chez les patients cancéreux âgés et rappellent que la supplémentation nutritionnelle doit faire partie intégrante du traitement oncologique.

Pourquoi est-ce important ?

La malnutrition se rencontre fréquemment chez les sujets âgés atteints de cancer du fait des changements physiologiques induits par la maladie, de l’agressivité des traitements ou de l’âge en lui-même. Elle apparaît évidemment de façon plus prégnante en cas de cancer digestif, lorsque la prise alimentaire ou la digestion sont rendues difficiles par la maladie. Une équipe du département d’oncologie médicale d’Izmir (Turquie) a évalué la prévalence de la malnutrition dans cette population, ainsi que l’impact de la chimiothérapie sur le statut nutritionnel.

Principaux résultats

  • 153 patients de 70 ans d’âge moyen ont été évalués (71,2% d’hommes). La majorité d’entre eux étaient atteints d’un cancer colorectal (51,6%). Les autres présentaient un cancer gastrique (26,8%), pancréatique (11,8), hépatique (7,2%), des voies biliaires (2%) ou œsophagien (0,7%). 64,7% des sujets présentaient une comorbidité en plus de leur cancer.
  • L’évaluation de leur statut nutritionnel par le Mini Nutritional Assessment (échelle recommandée pour l’évaluation des sujets âgés) indiquait que 37,9% d’entre eux étaient malnutris (score MNA <17), 34,6% étaient à risque de malnutrition (score MNA compris entre 17 et 23,5) lors de la première visite. Seuls 27,5% d’entre eux avaient un statut nutritionnel correct (MNA ≥24).
  • Après une cure de CT, la proportion de patients malnutris était augmentée à 46,4%, et 29,4% étaient à risque de malnutrition. La perte de poids moyenne entre les visites d’avant et après CT était de 13,4%.
  • La faiblesse des patients, était évaluée par le rapport de la force de préhension sur l’indice de masse corporelle. La proportion de patients faibles (valeur <1,0 chez les hommes et <0,56 chez les femmes) ne semblait pas être impactée par une seule cure de CT, et ce quel que soit le statut nutritionnel de départ.
  • En revanche, une cure supplémentaire de CT impactait de façon significative le niveau de faiblesse des sujets qui avaient déjà reçu des cures auparavant par comparaison à ceux qui la recevaient pour la première fois.