La cardioversion de la fibrillation atriale peut attendre…

  • Pluymaekers NAHA & al.
  • N Engl J Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

L’étude néerlandaise RACE 7 ACWAS, publiée récemment dans le New England Journal of Medicine, suggère qu’une attitude attentiste n’est pas inférieure à une cardioversion précoce (pharmacologique ou électrique) pour les cas de fibrillation atriale (FA) récente rencontrés aux urgences : en effet, dans cette étude, le taux de patients présentant un rythme sinusal normal à 4 semaines était similaire chez les 215 patients du groupe cardioversion précoce et chez les 212 sujets du groupe ayant bénéficié d’une approche attentiste (par contrôle pharmacologique de la fréquence cardiaque). La qualité de vie et la fréquence d’évènements cliniques étaient similaires à 4 semaines. Cette approche permet également une sortie plus rapide du service d’urgence, associée toutefois à un suivi rapproché des patients et à une seconde visite en cas de besoin.

Pourquoi cette étude est-elle intéressante ?

Le recours à la cardioversion face à la FA récente reste hétérogène du fait de l’incertitude quant à la résolution spontanée de l’épisode. Il était donc intéressant de mener une étude clinique randomisée de non-infériorité permettant de mieux appréhender le devenir des patients selon que l’épisode ai ou non été pris en charge rapidement.

Méthodologie

RACE 7 ACWAS a été menée auprès de patients adultes se présentant pour une FA récente (<36 heures), hémodynamiquement stables, sans signe d’ischémie myocardique ou d’antécédents de FA persistante plus de 48 heures. Ils ont été randomisés entre une approche attentiste - contrôle pharmacologique de la fréquence cardiaque (FC) jusqu’à obtention du soulagement des symptômes et d’une FC<110 bpm permettant la sortie du patient après planification d’une consultation le jour suivant au cours de laquelle une FA persistante faisait l’objet d’une cardioversion - et une approche cardioversion précoce - pharmacologique ou électrique en cas de contre-indication ou d’échec, avec sortie des patients cliniquement stables. Les patients à haut risque d’AVC étaient placés sous anticoagulants aux urgences s’ils ne l’étaient pas avant.

Principaux résultats

  • Au total, 437 patients (65 ans en moyenne, 40% de femmes, 44% de premier épisode de FC) ont été randomisés entre les deux groupes, avec 64% de patients présentant un risque d’AVC (dont 40% déjà traités par anticoagulants).

  • À 4 semaines, la présence d’un rythme sinusal (critère principal d’évaluation) était de 91% dans le groupe attentiste et 94% dans le groupe cardioversion précoce (-2,9 points de pourcentage [-8,22 à 2,2], p=0,005 pour la non-infériorité, marge de 10%). La durée de séjour aux urgences était de 120 et de 158 minutes respectivement et, au total, 3 et 5 patients ont nécessité une hospitalisation.

  • Au total, 69% et 16% des patients des groupes attentiste et cardioversion précoce ont présenté une cardioversion spontanée respectivement, tandis que la cardioversion a été nécessaire pour 28% des premiers (dans les 48 heures) et réalisée pour 78% des seconds.

  • Durant le suivi de 4 semaines, 10 et 8 patients ont présenté une complication cardiovasculaire, et aucun décès n’a été notifié. La qualité de vie (score AFEQT) était également similaire.

  • Parmi les 335 patients ayant bénéficié d’un ECG ambulatoire à la sortie, 30% et 29% ont présenté une récidive de FA, sans différence notoire en termes de délai d’apparition.

Principales limitations

  • La puissance de l’étude n’était pas suffisante pour évaluer la sécurité des deux approches, même si les complications sont apparues rares.

  • Le taux de récidive ne peut être le reflet fidèle de la réalité étant donné que tous n’ont pas bénéficié d’un ECG ambulatoire.

Financement

L’étude a reçu un financement public néerlandais.