L’opération « Mois sans tabac » permet de toucher de nouveaux profils de fumeurs

  • Rakover A & al.
  • Rev Mal Respir

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • La comparaison des fumeurs reçus pour la première fois en consultation de tabacologie montre que le profil des consultants a été modifié suite à la mise en place de l’opération « Mois sans tabac » en 2016-2017 par rapport à la période l’ayant précédée (2014-2015).
  • L’opération a permis de recevoir davantage de femmes, avec un niveau d’éducation élevé, de petits fumeurs, de sujets présentant moins de comorbidités, ainsi que de personnes venant par démarche personnelle.
  • Le nombre de consultations a globalement augmenté de près de 7% suite à la mise en place de la campagne. Un résultat encourageant compte tenu du taux d’abstinence élevé lié aux consultations de tabacologie.

 

 

L’opération « Mois sans tabac » a été lancée en France en novembre 2016. Organisée par Santé Publique France, le Ministère des Solidarités et de la Santé, et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, cette opération de marketing social vise chaque année à promouvoir l’arrêt du tabac durant au moins un mois, durée au-delà de laquelle les chances d’arrêt durable du tabac sont multipliées par 5. Une étude parue dans la Revue des Maladies Respiratoires a analysé l’impact de l’opération sur le profil des fumeurs reçus en consultation de tabacologie au cours de la campagne par rapport à ceux reçus avant. L’impact sur le taux de sevrage à un mois a également été évalué.

Méthodologie

À partir de la base de données informatisée des consultations de tabacologie CDTnet, les caractéristiques des fumeurs et le taux d’arrêt à un mois ont été analysés chez des patients ayant bénéficié d’au moins deux consultations de tabacologie et ayant été suivis durant au moins 28 jours, avant (2014-2015) et après (2016-2017) la mise en place de l’opération « Mois sans tabac ». Les facteurs prédictifs du sevrage à un mois ont été identifiés par régression logistique.

Résultats

  • Parmi les fumeurs ayant consulté pour la première fois durant le mois de novembre au cours des années 2014 à 2017, une hausse significative de 6,9% des consultations a été enregistrée en 2016 et 2017 au cours de la période « Mois sans tabac » (n=2.490) par rapport à la même période des années 2014 et 2015 (n=2.169) ayant précédé la mise en place de cette opération.
  • Les caractéristiques des consultants se sont également modifiées entre ces deux périodes. En 2016-2017, il s’agissait plus fréquemment de femmes (56,3% pendant vs 52,2% avant), elles étaient un peu plus âgées (47 vs 46 ans) et avaient plus souvent suivi des études supérieures (29,9% vs 28,3%). Au cours de la période mois sans tabac de 2016 et 2017, les consultants étaient plus souvent de petits fumeurs (moins de 10 cigarettes par jour, 28,7% vs 23,7%), ils venaient plus souvent par démarche personnelle et non adressés par l’hôpital (45,8% vs 36,0%) et présentaient moins souvent de comorbidités. L’usage de la cigarette électronique était aussi plus fréquent lors de la première consultation sur la période 2016-2017 (9,6%) par rapport à la période 2014-2015 (6,2%).
  • En revanche, concernant le taux de sevrage tabagique à un mois, il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes (45,6% vs 44,6%, p=0,46).
  • En analyse multivariée et dans les deux groupes, les facteurs associés à de plus grandes chances de succès d’abstinence tabagique à un mois étaient le nombre de tentatives d’arrêt (au moins 3) et le nombre de consultations de suivi.

Limites

  • L’étude n’a inclus que des sujets reçus en consultation de tabacologie et ses résultats ne sont donc pas extrapolables à l’ensemble des fumeurs ayant participé à l’opération « Mois sans tabac ».
  • Le questionnaire CDTnet utilisé pour la collecte des données ne permettait pas de savoir si la première consultation de tabacologie avait été motivée par l’opération « Mois sans tabac ».