L’interférence bactérienne, prometteuse pour prévenir les infections urinaires
- Falcou L & al.
- Prog Urol
- Caroline Guignot
- Résumé d’articles
À retenir
- Progrès en Urologie vient de publier une revue de la littérature consacrée à la prévention des infections urinaires symptomatiques par inoculation intravésicale de bactéries non pathogènes (E. coli). Cette technique en développement permettrait de réduire la fréquence des épisodes infectieux chez les sujets exposés à un fort risque d’infection urinaire (blessés médullaires, sujets souffrant de sclérose en plaques, de maladie de Parkinson…) en favorisant la concurrence sur les sites de fixation des bactéries ou sur la disponibilité des nutriments avec une souche pathogène potentielle, ou encore en modifiant le microenvironnement local (pH, production de toxines).
- En pratique, l’instillation intravésicale repose sur l’administration par sonde de la préparation plusieurs fois par jour durant quelques jours, ou par une sonde imprégnée laissée en place plusieurs jours. Elle permet de réduire la fréquence initiale des infections ou, selon les études cliniques disponibles sur le sujet, d’engendrer un taux d’infection annuel inférieur au placebo, sans problèmes de tolérance spécifiques.
- Les études étaient très hétérogènes, tant sur les pathologies incluses, le profil des participants (sexe, modes mictionnels, antécédents d’infections urinaires), la méthode d’administration ou la définition d’un épisode infectieux. Pour autant, toutes ont conclu à l’intérêt de cette approche. De nouveaux travaux permettant de perfectionner et simplifier le protocole d’administration sont aujourd’hui nécessaires afin de le rendre intégrable dans une pratique clinique de routine.
Pourquoi est-ce important ?
L’incidence des infections urinaires symptomatiques chez le blessé médullaire ou le sujet atteint de SEP peut être élevée, nécessitant la mise en place d’approches préventives (optimisation du mode mictionnel, autosondage, traitement des lithiases urinaires….). En cas d’infection déclarée, une antibiothérapie est souvent nécessaire, augmentant le risque de développer une résistance bactérienne. L’interférence bactérienne pourrait constituer une alternative intéressante dans ce cadre.
Principaux résultats
- La revue de la littérature a inclus 7 études (n=12 à 48 selon les études), dont 3 essais cliniques randomisés et 4 études de cohortes prospectives publiées entre mars 2000 et mars 2017.
- L’instillation intravésicale de la bactérie avait été réalisée selon les études par une sonde de Folley à ballonnet (durant 30 min à 2 h, 2 à 3 fois par jour durant 3 jours) ou par une sonde imprégnée laissée dans la vessie pendant 3 ou 28 jours.
- Deux études conduites par instillation ont conclu à l’absence d’infection après traitement d’une part, et à une réduction significative de leur incidence (0,06 par patient-année vs 3,77 avant traitement, p < 0,001).
- Deux études consacrées aux sondes imprégnées ont chacune rapporté une incidence de 0,15 épisodes infectieux pour 100 patients-jours versus 2,72 avant traitement, et de 0,77 par patient-année vs 2,27 avant traitement.
- Enfin, les essai cliniques randomisés ont décrit une incidence d’infection de 1,6 par patient-année contre 3,5 sous placebo, de 13 infections contre 35 dans la seconde étude (p = 0,009), avec un délai prolongé avant première infection (11,3 mois vs 5,5), et de 1,6 épisodes par an vs 3,5 sous placebo (p = 0,036).
- La durée d’instillation et l’absence de Proteus spp. dans les urines sont apparus comme deux facteurs pronostiques de succès dans l’une de ces études.
- La tolérance était bonne, sans effet indésirable grave ou infection urinaire fébrile rapporté.
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