L’influence des conditions météorologiques sur les ruptures d’anévrisme cérébral

  • Launey Y & al.
  • Neurochirurgie

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une température basse et une baisse brutale de la température semblent favoriser la survenue des hémorragies sous-arachnoïdiennes liées à un anévrisme, mais aucune influence sur la localisation ou la sévérité de l’hémorragie n’a été constatée.
  • Les autres paramètres météorologiques qui ont été évoqués dans la littérature, mais ayant souvent reçu des conclusions contradictoires, n’ont pas été identifiés comme ayant un rôle significatif dans cette étude.

Plusieurs facteurs de risque sont parfaitement établis concernant le risque de survenue d’une hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA) liée à un anévrisme (âge, sexe, tabagisme…) mais d’autres sont moins certains. Parmi eux, les paramètres météorologiques (température, pression atmosphérique, hygrométrie...) sont évoqués par différents travaux, mais mènent souvent à des conclusions contradictoires. Ces relations pourraient s’expliquer par une modification de la vasoconstriction, de l’inflammation, de la coagulation ou encore à une modification de comportement liée aux variations des conditions climatiques (tabagisme, activité physique…). L’influence des marées et de la Lune a même été avancée par certains. Une équipe hospitalière du Centre Hospitalier Universitaire de Rennes a mené l’analyse rétrospective de tous les cas admis en neurochirurgie et services de soins intensifs afin d’évaluer dans quelle mesure ces paramètres étaient retrouvés localement. 

Analyse de 295 évènements survenus sur 259 jours

L’analyse a été menée à partir de tous les patients adultes reçus en 2011 et 2012 pour la prise en charge d’une HSA liée à un anévrisme, et les évènements ont été croisés avec les données locales (pression atmosphérique, température, humidité, marées et lune). Une cohorte de 295 patients (âge moyen 53 ans, 64% de femmes, mortalité globale de 8%) a ainsi été constituée sur 259 jours au cours des 731 jours de la période d’analyse. L’anévrisme (5,8 mm en moyenne) concernait l’artère cérébrale antérieure et l’artère cérébrale moyenne dans 34% et 22% des cas respectivement.

Si les évènements avaient plus souvent eu lieu en juillet ou en janvier, aucune influence significative n’a été observée concernant le mois ou les saisons.

Un tiers de risque supplémentaire après une chute des températures de 8°C

Globalement, la température minimale était en moyenne plus basse les jours au cours desquels une HSA est survenue (jours HSA) que durant les autres jours (7,7°C contre 8,3°C, p <0,04). La baisse de température d’un jour à l’autre était aussi significativement plus importante pendant les jours HSA que les autres (8,6°C contre 7,9°C, p <0,01). Cependant, aucune influence de la température maximale, de la pression atmosphérique haute ou basse ou de l'humidité n’a été relevée, ni aucun rôle des marées ou de la Lune. La sévérité ou la localisation de l’HSA n’étaient pas influencées par ces facteurs.

Selon l’analyse multivariée, une diminution de 1°C de la température accroît le risque de HSA de 7% (OR 1,07 [1,03-1,10]). Selon les courbes ROC établies (courbes de sensibilité/spécificité), une baisse de température de 8,0°C ou plus en deux jours augmente le risque d’HSA de 35% (OR 1,35 [1,03-1,77]).

Principales limitations

Les conditions de survenue exactes de l'évènement durant la journée par rapport aux conditions climatiques n'était pas connue. Par ailleurs, les conditions climatiques utilisées étaient celles relevées à Rennes.