L’infection VIH est-elle un facteur de risque indépendant de déficience neurocognitive ?

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Messages principaux

  • Le risque de troubles neurocognitifs serait supérieur de 74% chez les personnes âgées vivant avec le VIH, par rapport à une population appariée séronégative. Cette donnée issue d’une étude transversale française doit aujourd’hui être confirmée par un suivi longitudinal.

 

Avec le vieillissement de la population vivant avec le VIH (PVVIH), les troubles neurocognitifs sont progressivement devenus significatifs, sans qu’il soit parfaitement établi si l’incidence au sein de cette population est, ou non, supérieure à une population séronégative comparable. Les données issues de différentes études sont sur ce point contradictoires. Afin de mieux préciser l’association entre VIH et déficiences neurocognitives, les données de l’étude françaises ANRS EP 58 HAND 55 70 sont intéressantes.

Cette étude a inclus une population PVVIH de 55-70 ans présentant une charge virale contrôlée depuis au moins 2 ans et un taux de CD4 à l’inclusion ≥200/µL depuis au moins 12 mois. La fréquence des troubles neurocognitifs (TNC) a été évaluée et comparée à celle d’une population séronégative issue de la cohorte en population générale CONSTANCES et appariée sur l’âge, le sexe et le niveau d’éducation. L’incidence des TNC a été évaluée dans les deux populations et comparée après ajustement sur de multiples paramètres médicaux, sociaux et comportementaux (activité physique, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, tabagisme, alcool, situation sociale).

Ainsi, 200 patients PVVIH ont été comparés à 1.000 patients séronégatifs (âge moyen 62 ans, 85% d’hommes). Selon la classification de Frascati, 35,5% et 24,2% de ces deux populations présentaient respectivement des TNC, avec 0,05% et 0,30% des sujets respectivement concernés par une démence. Après ajustement, l’infection VIH était associée au risque de TNC (1,50 [1,04-2,16]). Le choix de critères seuils plus stricts et les analyses de sensibilité ont conduit à des conclusions similaires.

Dans cette étude, aucune interaction entre l'âge et le VIH n'a été observée pour les différents types de déficience (déficit cognitif asymptomatique, trouble cognitif mineur, démence associée au VIH), mais la nature transversale de l'analyse et le manque de puissance ne permet pas de conclure avec certitude sur ce point. Malgré les limites de cette étude, il semble bien que le VIH soient un facteur favorisant la survenue de TNC.