L’hypothèse d’un lien entre infection par le HSV-1 et maladie d’Alzheimer se renforce

  • Linard M & al.
  • Alzheimers Dement

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • L’infection et la réactivation du virus de l’herpès (HSV-1) sont associées à un risque supérieur de développer la maladie d’Alzheimer ou une démence mixte chez les sujets présentant au moins un allèle APOE4.

Il existe plusieurs arguments en faveur d’une étiologie infectieuse de la maladie d’Alzheimer, comme la production de protéine bêta-amyloïde dans la réponse antimicrobienne ou le rôle de certains gènes prédisposant à la maladie d’Alzheimer dans la réponse antivirale. Le virus de l’herpès (HSV-1), neurotrope, a été mis en évidence au sein de plaques amyloïdes et dans certaines régions cérébrales associées à la maladie d’Alzheimer. Il a de plus été décrit comme favorisant certains évènements moléculaires caractérisant le développement de la maladie dans des expérimentations in vitro. L’intérêt d’étudier le HSV-1 a été renforcé par des données épidémiologiques notamment françaises, qui ont décrit un risque supérieur de maladie d’Alzheimer chez les sujets infectés. Étant donné la fréquence de l’infection par HSV-1 dans la population générale, des analyses plus spécifiques sont nécessaires, comme celles présentées dans cette publication, établies à partir des données de l’étude des 3 Cités.

Susceptibilité accrue chez les sujets à risque génétique

L’étude de cohorte 3C a recruté des participants âgés de 65 ans ou plus dans trois villes de France (Bordeaux, Dijon, Montpellier) dès 1999-2001. Elle visait à évaluer les facteurs de risque vasculaire sur le risque de démence et de troubles cognitifs. Dans la présente publication, seules les données des participants bordelais ont été utilisées, soit 1.037 participants analysables (âge moyen 77,7 ans, 36% d’hommes, suivi moyen de 7,4 ans). Tous ont bénéficié d’un dosage initial des anticorps spécifiques de l'HSV-1 (dosage des IgG et des IgM). À l’issue du suivi, 19,7% de ces individus avaient développé une démence.

Aucune association significative n’a été établie sur l’ensemble de la cohorte entre l’infection par le HSV-1 et l’incidence de la démence, après ajustement sur l’ensemble des paramètres sociodémographiques, les comorbidités, le tabagisme et la présence d’au moins un allèle APOE4, un variant génétique exposant à un risque accru de maladie d’Alzheimer.

En revanche, lorsque la même analyse était réalisée parmi les porteurs d’au moins 1 allèle APOE4, soit 17,4% de la cohorte, l’association entre la présence d’IgG et le développement de la maladie était à la limite de la significativité. Par ailleurs, ceux qui avaient un taux d’IgG élevé et ceux qui avaient des IgM (réactivation) avaient environ 3 fois plus de risque de développer la maladie ou une démence mixte par rapport aux autres (hazard ratio ajusté de 3,68 et de 3,28 respectivement). La même analyse était négative concernant les sujets ne présentant pas d’allèle APOE4.