L’hygiène de vie méditerranéenne améliore-t-elle le syndrome d’apnées obstructives du sommeil ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Selon l’essai clinique randomisé grec MIMOSA, adopter un régime méditerranéen combiné au traitement de référence offre aux patients en surpoids souffrant d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) modéré à sévère, par ailleurs en bonne santé, d’en réduire les symptômes et la sévérité, par rapport à une personne ne bénéficiant pas d’un tel accompagnement. Ceci est observé indépendamment de l'utilisation de la pression positive continue (PPC) et de la perte de poids atteinte. L’obtention d’un niveau d'activité physique et d’habitudes de sommeil conformes aux préconisations permet d’améliorer également le bilan par rapport au groupe contrôle.

 

Si la PPC est le traitement de référence du SAOS, il est contraignant et pose des difficulté d’adhésion des patients sur le long terme. Étant donné la relation étroite entre le SAOS et l’obésité, ainsi que le bénéfice du régime méditerranéen sur le pronostic cardiométabolique, il est intéressant de savoir si un tel régime, a fortiori assorti d’une hygiène de vie adaptée, permet de réduire le poids des patients SAOS et, en conséquence, la sévérité de cette maladie ou ses symptômes. Or, aucune étude n’avait jusqu’à présent étudié la question.

Méthodologie 

Une équipe grecque a conduit une étude monocentrique durant laquelle elle a identifié et inclus 187 patients adultes présentant un SAOS modéré à sévère (indice d’apnée hypopnée IAH d’au moins 15 par heure), sans pathologie cardiaque, psychiatrique ou diabétique, qui ont été randomisés entre trois groupes : un groupe standard (conseils écrit sur l’alimentation, la nécessité de réduire son poids…), un groupe régime méditerranéen (RM) et un groupe hygiène de vie méditerranéenne (HVM). Ces deux derniers ont bénéficié de sessions d’éducation et de conseils en petits groupes durant 6 mois (d’abord bimensuelles puis mensuelles) au cours desquelles l’alimentation et les conseils de perte de poids ont été progressivement abordés. Le groupe HVM avait en outre des conseils sur les objectifs d’activité physique et de durées de sommeil.

Principaux résultats

Les patients inclus (âge moyen 49 ans, 75% d’hommes, IAH médian 58 /heure) étaient majoritairement obèses (80%, IMC moyen 35,6 kg/m²) et avaient une adhésion moyenne à une bonne hygiène de vie ou un niveau d'activité physique suffisant, sans différence notable entre les groupes. Tous avaient reçu une prescription de PPC, mais seuls 69 à 82% ont effectivement initié le traitement. Le suivi des séances était globalement satisfaisant dans les deux groupes RM et HVM.

Par rapport au groupe contrôle, les deux groupes d’intervention avaient bénéficié d’une baisse du poids corporel supérieur : -7,4% pour le groupe RM et -10,6% pour le groupe HVM (vs 0,3% , p<0,001). L’adoption des habitudes de vie recommandées était aussi meilleure dans ces deux bras (scores MedDietScore plus élevés vs contrôle).

Après ajustement sur l'âge, le sexe, les données cliniques à l’inclusion et l'utilisation de la PPC, les groupes RM et HVM ont permis d’améliorer leur score IAH à 12 mois versus contrôle (-18,0 et -21,2 respectivement, p<0,001), soit une diminution du risque relatif de présenter un SAOS sévère à 12 mois (RR 0,43 [0,24-0,80] et 0,27 [0,15-0,50] respectivement). La différence entre les deux groupes d’intervention n’était pas significative mais il existait une tendance en faveur du groupe HVM. Plusieurs autres paramètres liées à l’évaluation du SAOS étaient en faveur des groupes d’intervention. Par ailleurs, lorsque l’ajustement tenait compte du changement de poids corporel, l’analyse multivariée suggérait à nouveau des valeurs d’IAH en faveur des deux groupes RM et HVM versus contrôle.