L’exposition à des infections maternelles in utero associée à un risque accru d’autisme chez les enfants

  • Al-Haddad BJS & al.
  • JAMA Psychiatry

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

L’exposition fœtale à une infection à l’occasion d’une hospitalisation de la mère augmente le risque d’autisme et probablement de dépression au cours de la vie des enfants. Le risque de troubles bipolaires ou de psychose reste en revanche inchangé. Cet effet est de même envergure que l’on considère des infections sévères ou plus localisées comme des infections urinaires.

Les auteurs soulignent l’importance de mieux comprendre l’impact des infections maternelles sur le développement fœtal et incitent à les prévenir (vaccination par exemple) car elles pourraient être responsables de lésions cérébrales non détectées susceptibles de contribuer au développement d’un autisme ou d’une dépression.

Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?

Des éléments de la littérature ont mis en évidence un lien étroit entre infection de la mère durant la grossesse et le développement de pathologies psychiatriques ultérieures chez l’enfant. La possibilité d’un mécanisme physiopathologique commun impliquant l’exposition à une infection et à l’inflammation associée durant la vie fœtale est d’ailleurs aujourd’hui envisagée. Cependant, aucune étude n’avait jusqu’ici porté une vue d’ensemble sur l’association possible entre exposition in utero à une infection quelle qu’elle soit et le développement de troubles psychiatriques ultérieurs au sens large.

Méthodologie

À partir des registres de population suédois, tous les enfants nés entre janvier 1973 et décembre 2014 dont la mère avait été hospitalisée durant la grossesse avec un diagnostic d’infection ont été pris en compte. Les diagnostics de troubles psychiatriques (autisme, troubles bipolaires, dépressions et psychoses, y compris schizophrénie) relevés à l’occasion d’hospitalisation ont ensuite été recherchés chez ces enfants depuis leur naissance et jusqu’à leurs 41 ans.

Résultats 

  • Près de 1,8 millions d’enfants suédois exposés à une infection in utero ont ainsi été suivis.
  • L’exposition fœtale à une infection maternelle augmentait le risque d’avoir un diagnostic d’autisme de 79%, de dépression de 24% (HR 1,79 [1,34-2,40] et 1,24 [1,08-1,42] respectivement), par comparaison aux enfants non exposés in utero. En revanche, le risque de psychose ou de troubles bipolaires ne semblait pas affecté. L’ajustement sur la santé mentale de la mère ne modifiait pas les résultats. De même, la stratification séparant les infections sévères (sepsis, grippe, pneumonie, méningite, pyélonéphrite, etc.) des infections urinaires supposées représenter des formes plus limitées d’infection, a produit des résultats similaires, avec par exemple un risque d’autisme de HR de 1,81 [1,18-2,78] pour les expositions à des infections sévères contre un HR de 1,89 [1,23-2,90] en cas d’infection urinaire.
  • Pour éliminer les biais (sous-estimation) liés à de possibles risques d’erreur de classification des troubles dépressifs, le risque de décès par suicide a également été évalué. Et un risque significativement accru a bien été retrouvé chez les enfants exposés à une infection in utero, confirmant la robustesse des résultats.

Limitations

Analyse limitée aux femmes enceintes suédoises et ne permettant pas la généralisation des résultats à d’autres populations.

Les informations concernant les infections et les troubles psychiatriques étaient uniquement basées sur les données d’hospitalisation.