Une méta-analyse a montré que l’administration d’aspirine à raison de 50 à 150 mg/j permettait de réduire l’incidence des pré-éclampsies de l’ordre de 10%. En revanche, l'évaluation de l’impact de l’âge gestationnel sur l’efficacité de l’aspirine dans cette indication met en évidence des données contradictoires. L’étude ASPRE a testé l’hypothèse d’une diminution de moitié de l’incidence des pré-éclampsies précoces chez les femmes à haut risque et traitées par aspirine durant 11 à 14 semaines et ce, jusqu’à 36 semaines de gestation, par rapport au placebo.
Méthodologie
- L’étude ASPRE (Aspirine for Evidence-Based Preeclampsia) est un essai en double aveugle, randomisé (1:1), contrôlé, comparant une dose d’aspirine à raison de 150 mg/j vs placebo, administrée entre 11 et 14 semaines jusqu’à la 36e semaine de grossesse chez des femmes unipares à haut risque de pré-éclampsie précoce.
- L’étude a été menée au sein de 13 maternités au Royaume-Uni, Espagne, Italie, Belgique, Grèce et Israël.
- Un dépistage de pré-éclampsie (sur la base d’un algorithme) a été proposé à toutes les femmes adultes ayant eu une visite prénatale entre la 11e et 13e semaine de gestation au sein des centres d’évaluation. Celles étant à haut risque de pré-éclampsie précoce et sans maladie sévère, anormalité fœtale majeure, troubles de la coagulation, ulcération peptidique, hypersensibilité à l’aspirine, et qui ne prenaient ni AINS à long terme, ni traitement régulier par aspirine au cours des 28 derniers jours, ont été incluses dans l’étude.
- Le critère principal d’évaluation était l’accouchement avec pré-éclampsie avant la 37e semaine de grossesse. Le diagnostic de pré-éclampsie était posé à partir de la définition de l’International Society for the Study of Hypertension in Pregnancy.
Résultats
- Sur les 26.941 femmes présentant une grossesse simple, ayant bénéficié du dépistage de pré-éclampsie, 2.971 (11,0%) ont été définies comme étant à haut risque de pré-éclampsie précoce, et 1.776 ont réellement été éligibles et ont accepté de participer à l’étude. Après randomisation, 152 femmes (8,6%) ont retiré leur consentement, et quatre ont été perdues de vue.
- Aucune différence significative n’a été mise en évidence en ce qui concerne les caractéristiques des patientes à l’inclusion entre les deux groupes.
- Dans le groupe aspirine, 13 femmes sur 798 ont eu une pré-éclampsie. Dans ce groupe, 776 enfants sont nés en vie et étaient toujours vivants au moment de la sortie de la maternité. Parallèlement, il y a eu 11 fausses couches et 2 arrêts de grossesse pour anomalies fœtales jusqu'à la 24e semaine. Enfin, un arrêt de grossesse pour limitation sévère de la croissance fœtale et pré-éclampsie, 7 mort-nés à partir de la 24e semaine et un décès néonatal dans les 28 jours après la naissance ont été recensés.
- Dans le groupe placebo, 35 femmes sur les 822 ont fait une pré-écalmpsie. Dans ce groupe, 792 enfants sont nés et étaient toujours en vie à la sortie de l’hôpital. Parallèlement, il y a eu 12 fausses couches et 4 arrêts de grossesse pour anomalies fœtales jusqu'à la 24e semaine. Aucun arrêt de grossesse pour croissance insuffisante et pré-éclampsie n’a été observé jusqu'à la 24e semaine de gestation. Enfin, 12 enfants morts—nés à la 24e semaine ou avant et 2 décès néonataux dans les 28 premiers jours de vie ont été recensés.
- Le critère principal d’évaluation est survenu chez 13 participantes sur 798 (1,6%) dans le groupe traité par aspirine et 35 sur 822 participantes (4,3%) dans le groupe traité par placebo, soit un odds ratio en faveur de l’aspirine de 0,38 [IC95% : 0,20-0,74], p=0,004.
- 207 (25,9%) participantes traitées par aspirine ont rapporté au moins un événement indésirable, dont 13 (1,6%) un événement indésirable grave, contre respectivement, 210 (25,5%) et 26 (3,2%) dans le groupe placebo (NS).
À retenir
Cet essai randomisé montre que chez les femmes ayant une grossesse unique et identifiées comme à haut risque de pré-éclampsie lors du premier trimestre de grossesse, l’administration d’aspirine (150 mg/j durant 11 à 14 semaines jusqu’à la 36e semaine de gestation) réduirait significativement l’incidence de la pré-éclampsie précoce.
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