L’activité physique, un autre facteur de risque modifiable de la maladie d’Alzheimer

  • Rabin JS & al.
  • JAMA Neurol

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Cette étude américaine montre que des facteurs de risque modifiables, tels qu’une activité physique quotidienne plus importante ou une réduction des facteurs de risque cardio-vasculaires, ont un effet protecteur indépendant sur le déclin cognitif et la perte de volume cérébral. 
  • Ces résultats suggèrent que les bénéfices de l’activité physique ne seraient pas seulement liés à son impact sur le risque cardiovasculaire et que des actions simultanées sur ces deux facteurs modifiables pourraient avoir un effet additionnel pour retarder la progression de la maladie.

 

La maladie d’Alzheimer démarrant de nombreuses années avant que ne surviennent les premiers symptômes et en l’absence de traitement efficace pour modifier le décours de la maladie d’Alzheimer à ce jour, les scientifiques cherchent à identifier des facteurs modifiables susceptibles de retarder l’évolution de la maladie. Différentes études ont suggéré que l’activité physique pourrait ralentir l’accumulation de protéines bêta-amyloïde et Tau, atténuer le déclin cognitif et réduire le risque de démence. Une équipe du Massachusetts General Hospital a donc voulu évaluer ce potentiel effet préventif de l’activité physique sur le déclin cognitif associé à la charge amyloïde et sur l’atrophie cérébrale chez des sujets âgés sains à l’inclusion.

Mesurer l’impact de l’activité physique sur le déclin cognitif associé à la charge amyloïde

L’étude a inclus des participants de la cohorte de la Harvard Aging Brain Study disposant des résultats d’une TEP-amyloïde et des données permettant d’évaluer le risque vasculaire à l’inclusion. L’activité physique était quantifiée à l’aide d’un podomètre mesurant le nombre de pas par jour, le niveau cognitif mesuré par le score PACC (Preclinical Alzheimer Cognitive Composite), et le volume cérébral de matière grise quantifié en IRM à l’inclusion et en cours de suivi. L’activité physique et la charge amyloïde ont ensuite été étudiées comme facteurs prédictifs interactifs du déclin cognitif et de la perte de volume cérébral globalement et après ajustement sur différents facteurs confondants. 

Un effet indépendant de l’activité physique et du risque cardiovasculaire

Au total, 182 sujets ont été inclus (73,4 ans d’âge moyen, 56,6% de femmes) et ont été suivis sur une durée médiane de 6 ans. À l’inclusion, une association transversale a tout d’abord été observée entre une activité physique plus importante et un moindre risque cardiovasculaire, mais pas entre activité physique et charge amyloïde. L’analyse longitudinale a ensuite recherché si l’activité physique réduisait l’association entre charge amyloïde et déclin cognitif ou perte de volume de la matière grise. Une interaction significative a bien été observée puisqu’une activité physique plus importante était associée à un déclin cognitif associé à la charge amyloïde (β 0,03 [0,02-0,05], p<0,01) et à une perte de volume cérébral plus lents (β 482,07 [189,40-774,74], p=0,002). Et ces associations étaient maintenues après ajustement sur le RCV. De plus, un RCV plus faible était aussi indépendamment associé à un déclin cognitif associé à la charge amyloïde (β -0,04 [-0,06 à -0,02], p<0,001) et à une perte de volume cérébral plus lents (β -483,41 [-855,63 à -111,20], p=0,01), suggérant que activité physique et RCV pourraient avoir des effets indépendants et donc potentiellement additionnels sur le déclin cognitif et la perte de volume cérébral.