L'activité de curiethérapie en France pourrait être renforcée

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Une minorité d’urologues et de radiothérapeutes français pratiquent la curiethérapie et seule une minorité des cancers à faible risque en bénéficierait, selon une enquête française conduite auprès des praticiens français. Si les recommandations liées à l’utilisation de la curiethérapie sont bien connues concernant les tumeurs à faible risque, certains praticiens l’utiliseraient insuffisamment dans d’autres situations pronostiques, pourtant reconnues. À l’inverse, elle serait parfois utilisée hors règles de bonnes pratiques françaises (tumeur à haut risque). Les auteurs suggèrent qu’une révision des recommandations soit envisagée pour renforcer la place de ce traitement, notamment parmi le sous-groupe de sujets atteints d’une tumeur à risque intermédiaire et pouvant être éligibles à la curiethérapie.

Pourquoi est-ce important ?

La curiethérapie est une alternative thérapeutique à la prostatectomie radicale ou à la radiothérapie externe dans la prise en charge des cancers de la prostate ayant un pronostic favorable : en effet, elle offre une survie de plus de 95% à 10 ans. Le développement de la curiethérapie focale ou de protocoles l’associant à la radiothérapie en font également une technique incontournable de l’arsenal thérapeutique ciblant le cancer de la prostate. Aussi, l’Association française d’urologie (AFU) et la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO) ont souhaité dresser un bilan de cette technique en adressant un questionnaire détaillé auprès des urologues et radiothérapeutes français.

Principaux résultats

  • Au total 60 des 285 urologues et radiothérapeutes ayant répondu au questionnaire (21%) pratiquaient la curiethérapie, dont 31 urologues et 29 radiothérapeutes. L’activité de curiethérapie correspondante était en moyenne de 653 implantations par centre. Dans la plupart des cas (83,3%), il s’agissait de curiethérapie par implants permanents.

  • Quarante pour cent de l’activité était pratiquée dans le secteur public et 73% des praticiens travaillaient en binôme urologue-radiothérapeute.

  • À la question « quelles sont vos indications de curiethérapie prostatique ? », 91,7% citaient le cancer de prostate à faible risque, 73,3% le cancer de la prostate à risque intermédiaire favorable et 13,3% des sondés pratiquaient une curiethérapie pour les cancers à haut risque. Enfin, 45% des participants ont défini l’association radiothérapie-curiethérapie comme étant possible, tandis que 30% pratiquaient la curiethérapie de rattrapage après radiothérapie et 25% après une première curiethérapie.

  • Parmi les participants, 81,7% ont déclaré que la curiethérapie était « curative, équivalente à la prostatectomie » pour les cancers à faible risque et 36,1% dans ceux à risque intermédiaire. La crainte d’effets indésirables limitait la prescription de la curiethérapie, par rapport à la prostatectomie radicale dans 10,8% des cas.

  • Les principaux freins au développement de la curiethérapie en France étaient la concurrence des autres options thérapeutiques (41,7%) et, rarement, la difficulté de rattrapage en cas de récidive (12,6%).

  • Enfin, les réponses aux cas cliniques ont mis en évidence que les praticiens réservent plus volontiers la chirurgie aux sujets jeunes, et la radiothérapie externe ou la curiethérapie aux sujets plus âgés.

Méthodologie

Un questionnaire a été établi puis adressé à tous les urologues et radiothérapeutes français afin d’évaluer la place de la curiethérapie dans le centre étudié, les modalités de cet usage et sa place dans la pratique du praticien interrogé. Deux cas cliniques leur étaient également soumis pour évaluer leurs préconisations de traitement. Au total, 285 réponses provenant de 211 urologues (74%) et 74 radiothérapeutes (26%) ont été reçues.

Limitations

Faible nombre de médecins participants.