CMGF 2023 - L’inactivité physique pire que le tabagisme ! Le rôle des généralistes
- Serge Cannasse
- Actualités Congrès
S’il est une question importante en santé publique et pourtant largement sous-estimée par les praticiens, c’est bien celle de l’activité physique, qu’il ne faut d’ailleurs pas confondre avec la pratique sportive. C’était l’objet d’une session du 16ème Congrès Médecine Générale France (Paris, 23-25 mars 2023).
L’activité physique (AP) désigne tout mouvement produit par la contraction des muscles entraînant une augmentation de la dépense énergétique au-dessus de la dépense de repos. L’inactivité physique est définie par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) comme le fait d’avoir moins de 150 minutes par semaine d’AP d’intensité modérée pour les adultes et de 60 minutes pour les adolescents. Deux composantes sont particulièrement cruciales : la capacité d’endurance, qui est le premier facteur prédictif de mortalité (avant l’IMC – indice de masse musculaire) – et la force musculaire, qui en est le deuxième (une force musculaire basse augmente de 80% le risque de décès).
L’autre facteur important est la sédentarité, qui désigne le temps cumulé assis ou allongé pendant la période d’éveil au cours duquel la dépense énergétique est égale à la dépense énergétique de repos. Son effet sur la mortalité est indépendant du niveau d’AP.
L’inactivité physique tue plus que le tabagisme
De très nombreuses études scientifiques ont montré l’influence majeure sur la santé de ces deux facteurs. Ne pas avoir d’AP équivaut à fumer un paquet de cigarettes par jour en termes de mortalité. Celle-ci est réduite de 60% par le seul fait d’avoir une AP légère à modérée pendant 20 à 25 minutes par jour. Il est clairement établi aujourd’hui que la non-prescription d’AP constitue une perte de chance pour les patients. Le message important est : quel que soit le niveau et la durée de l’AP, un peu est préférable à rien.
La prescription d’AP doit être individualisée et adaptée. La règle d’or est que pour être convaincant, il faut soi-même être convaincu. La première consultation informe, en s’aidant des données scientifiques sur le sujet. Elle évalue la motivation du patient, ses capacités et ses limites (cardiorespiratoires, locomotrices, cérébrales). En cas de maladie chronique stable (l’instabilité peut être une contre-indication temporaire), il peut être utile de prévoir une consultation dédiée à l’activité physique adaptée (APA), au moins au début. Mais tous les patients n’en ont pas besoin (évaluer son niveau actuel d’AP, sa capacité d’autonomie, sa volonté à s’engager dans un programme). La plupart des examens complémentaires sont inutiles (y compris l’épreuve d’effort, sauf en cas de risque cardiovasculaire – RCV – élevé ou de RCV modéré chez un inactif).
Le plaisir avant tout
Le travail sur la motivation du patient est essentiel. Il faut se rappeler
- Qu’un changement de mode de vie ne se décrète pas.
- Que changer est difficile. Le processus sera émaillé de retours en arrière et de reprises.
- Que l’écoute doit être empathique, non directive, non moralisatrice.
- Qu’insister sur les bénéfices (plaisir, sensation d’accomplissement personnel) est plus efficace que s’appesantir sur les dangers. La plupart des patients savent que l’inactivité leur fait courir un risque.
Une prescription inscrite en tête de l’ordonnance
La prescription d’APA est plus efficace si elle est écrite, en tête de l’ordonnance, avant celle des éventuels médicaments, et si le médecin s’informe à chaque consultation des progrès de son patient. En dehors de la prescription formalisée, le simple conseil (intervention brève) est un outil puissant de santé publique : un généraliste fait entre 250.000 et 400.000 consultations au cours de sa carrière ! Soit autant d’occasions pour parler d’AP.
Le médecin généraliste dispose de ressources pour la prescription : les 513 maisons sport-santé (bien mal nommées …) de France et les productions de la Haute Autorité de Santé (HAS) : guide de consultation et prescription médicale d’AP à des fins de santé chez les adultes, guide des connaissances sur l’AP et la sédentarité, référentiels d’aide à la prescription par pathologie (au nombre de 16), fiches de synthèse et fiches patients.
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