L’impact de la démographie médicale sur les activités des généralistes
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Les problèmes de démographie médicale n’impactent pas que les patients, mais aussi les médecins. C’est ce que montre le quatrième Panel d’observation des pratiques et conditions d’exercice en médecine générale, enquête par téléphone et internet auprès de 1.500 généralistes menée entre janvier et avril 2022 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) [1], les Observatoires régionaux de la santé (ORS) et les Unions régionales des professionnels de santé-médecins libéraux (URPS-ML) des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Pays de la Loire.
Quatre praticiens sur cinq (78%) estimaient insuffisante l’offre de médecine générale dans leur zone d’exercice (contre 69% en 2019). Ce jugement est cohérent avec les données obtenues par l’indicateur d’accessibilité potentielle localisée, qui objective l’offre locale en médecine générale. De plus, trois praticiens sur quatre (74%) pensaient que cette offre allait continuer à diminuer, quelle qu’en soit l’ampleur. Ils étaient 87% à déclarer rencontrer des difficultés à orienter leurs patients vers d’autres médecins spécialistes, 62% à les orienter vers des professionnels paramédicaux et 47% vers des services d’aide à domicile ou d’aide à la personne.
Huit modalités d’adaptation aux difficultés
Le Panel proposait aux personnes interrogées huit comportements d’adaptation à ces situations difficiles :
refuser de nouveaux patients en tant que médecin traitant ;
refuser des patients occasionnels (non médecin traitant) ;
faire des journées plus longues que souhaité ;
raccourcir le temps de consultation par patient ;
voir moins fréquemment certains patients suivis régulièrement ;
rogner sur le temps de formation ;
déléguer certaines tâches qu’ils assuraient auparavant ;
augmenter les délais de rendez-vous.
La quasi-totalité des médecins interrogés (98%) adoptaient au moins une de ces mesures. Deux sur trois (65%) déclaraient refuser être le médecin traitant de nouveaux patients (contre 53% en 2019).
Les enquêteurs ont dégagé trois profils de médecins.
- Profil 1 (20%) : mise en place de mesures variées (en moyenne 5,7), dont la délégation de certaines tâches. Ces praticiens exercent plus volontiers en groupe (81%) que les autres et en exercice coordonné (maisons de santé pluriprofessionnelles : 32% ; équipes de soins primaires : 24% ; communautés professionnelles territoriales de santé : 43%)
- Profil 2 (35%) : mise en place de mesures variées (en moyenne 4,9), mais sans délégation. Il s’agit le plus souvent de femmes (46%) que pour les deux autres profils (37% pour chacun). Ils refusent plus fréquemment de nouveaux patients en tant que médecins traitants (88% d’entre eux) ou de recevoir des patients occasionnels (57%). Ils augmentent plus volontiers les délais de rendez-vous (84%). Ils sont plus nombreux que dans les autres profils à estimer plus difficile qu’avant le début de la crise sanitaire de répondre aux sollicitations de leurs patients (78%, versus 64% pour le profil 1 et 50% pour le profil 3).
- Profil 3 (45%) : peu ou pas de mesures (deux en moyenne), notamment des journées plus longues que souhaité (48% d’entre eux) et le refus de nouveaux patients en tant que médecin traitant (44%). Ils sont plus enclins à travailler seuls (37%).
Globalement, les médecins de moins de 50 ans avaient tendance à mettre en œuvre un plus grand nombre de mesures d’adaptation (4,4 en moyenne) que les plus âgés (3,8 chez les 50-59 ans, 3,4 chez les 60 ans et plus). Il en va de même pour ceux qui avaient un volume d’activité usuel élevé et ceux exerçant dans les territoires les moins dotés en généralistes. D’une manière générale, les médecins confrontés à des difficultés déclaraient plus de mesures d’adaptation que les autres.
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