L’impact de l’hypoperfusion cérébrale sur la cognition se confirme
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon une étude longitudinale ayant suivi près de 200 sujets sur 2 ans, une faible perfusion cérébrale à l’inclusion conduit à un déclin plus rapide des fonctions cognitives.
- Les auteurs concluent que l’hypoperfusion cérébrale chronique précède et contribue au développement des troubles cognitifs d’origine vasculaire (TCV). La mesure du débit sanguin cérébral (DSC) par imagerie par résonance magnétique (IRM) de perfusion pourrait être utilisée comme biomarqueur, afin de suivre la progression de la maladie ou la réponse au traitement de ces troubles.
Pourquoi est-ce important ?
L’hypoperfusion cérébrale chronique est considérée comme l’un des facteurs favorisant le développement de troubles cognitifs et de démence d’origine vasculaire. En effet, de nombreuses études ont décrit que les sujets atteints de TCV avaient une valeur de DSC moins élevée que les sujets contrôles, ou encore qu’il existait une association entre la valeur de DSC et la sévérité des anomalies à l’imagerie. Cependant, les études transversales tentant d’associer une valeur faible de DSC et l’existence de TCV ont conduit à des conclusions contradictoires. Cette étude est l’une des rares à avoir été menée longitudinalement, afin de renforcer la présomption de causalité.
Méthodologie
Cette étude a été menée à partir des données prospectives multicentriques observationnelles de la cohorte HBC (Heart-Brain Connection) qui avait inclus des patients de plus de 50 ans ayant possiblement ou non des TCV (plaintes objectivées associées à des signaux IRM spécifiques), afin de suivre durant 2 années les paramètres hémodynamiques cérébraux et cardiaques en lien avec les fonctions cognitives. Le débit sanguin cérébral (DSC) a été mesuré par IRM de perfusion avec marquage de spins artériels, une technique qui utilise l’eau du sang comme traceur endogène.
L'évaluation neuropsychologique était fondée sur l’évaluation des fonctions cognitives par MMSE (Mini-Mental State Examination) et par des tests spécifiques relatifs à la mémoire (test d'association visuelle ou VAT et le test d'apprentissage verbal auditif de Rey ou RAVLT), le langage (test de dénomination VAT et fluidité verbale sur 1 minute), l'attention et la vitesse psychomotrice (Trail Making Test ou TMT, Stroop Color Word Test ou SCWT, Letter Digit Substitution Test ou LDST et Forward Digit Span), et le fonctionnement exécutif (sous-score du TMT et du SCWT).
Principaux résultats
L’étude a inclus 295 participants parmi lesquels 181 ont terminé l’étude (âge moyen 66,3 ans, 43,6% de femmes). Parmi eux, 47% étaient hypertendus, 7,7% étaient diabétiques et 33,1% n’avaient jamais fumé. La moitié de la cohorte avait des TCV possibles.
À l’inclusion, le volume des hypersignaux de la substance blanche, marquant l’existence de lésions cérébrales d'origine vasculaire, était plus élevé dans le groupe des sujets ayant des TCV possibles versus les sujets contrôles. Le DSC global était de 53,9 ml/100 g/min chez ces derniers, contre 51,7 ml/100 g/min chez ceux ayant des troubles cognitifs. Les valeurs de DSC étaient aussi significativement inférieures dans toutes les régions cérébrales prises individuellement.
À l’issue du suivi, une valeur faible de DSC à l’inclusion était associée à un déclin cognitif plus important à l’issue des deux années de suivi après ajustement sur l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, le centre participant, le volume des hypersignaux et celui du cerveau à l’inclusion (coefficient bêta normalisé de 0,172 [0,019-0,344], p=0,026), l’association était plus marquée pour les domaines de l'attention et de la vitesse psychomotrice (0,227 [0,071-0,397], p=0,004). Aucune association n’a été identifiée pour les autres domaines cognitifs. Par ailleurs, pour chaque région cérébrale prise individuellement, une valeur faible du DSC était associée à un déclin cognitif plus global et plus important dans le domaine de l'attention et de la vitesse psychomotrice. Les seuls DSC temporaux et frontaux étaient associés à un déclin cognitif plus important dans le domaine de la mémoire.
Principales limitations
Ces conclusions pourraient être sous-évaluées, étant donné que les modalités de mesure du DSC par imagerie auraient pu être optimisées, et que la mesure de DSC a été réalisée au repos, réputée préservée dans les premières phases de la maladie. Par ailleurs, il peut exister un biais de sélection parmi les patients à TCV qui avaient quelques différences de caractéristiques à l’inclusion par rapport aux sujets contrôles.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé