L’enjeu du maintien à domicile des personnes âgées

  • Actualités professionnelles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Un des enjeux de la prise en charge des personnes âgées est leur maintien à domicile. Beaucoup d’entre elles le souhaitent mais lesquelles peuvent en bénéficier? Un travail de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) apporte plusieurs éléments de réponse à partir de la base de données Care Ménages + Institutions rassemblant 13.390 observations réalisées en 2015 et 2016 auprès de personnes vivant en logement ordinaire, en résidence autonomie ou en EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), en maison de retraite non EHPAD et en USLD (unité de soins de longue durée).

Près d’une personne âgée de 75 ans ou plus sur dix vit en établissement d’hébergement. Elles ont en moyenne 86 ans, les trois quarts sont des femmes et 13% sont en couple (alors que 64% des personnes vivant à domicile le sont).

Le pourcentage des veufs et veuves est plus élevé en institution (63%) qu’à domicile (20%), ainsi que celui des célibataires (17% versus 7%). Un senior sur quatre en établissement n’a aucun enfant en vie, contre un sur dix à domicile. D’une manière générale, les personnes en établissement sont plus isolées sur le plan familial que celles vivant à domicile.

Elles sont également moins favorisées socialement. Ainsi, parmi celles ayant moins de 80 ans, il y a beaucoup moins de cadres et de professions intermédiaires, et les anciens ouvriers sont surreprésentés.

En établissement, des personnes plus isolées et moins favorisées socialement

Le niveau de vie des personnes vivant à domicile diminue avec l’âge (ce qui est la conséquence de l’amélioration progressive des retraites au fil des générations). C’est le contraire en établissement, où il est plus faible pour les plus jeunes. Il se stabilise à partir de 75 ans, devenant comparable en établissement et à domicile.

Les difficultés d’ordre sensoriel ne sont pas très différentes selon le lieu de vie. Cependant, les difficultés de lecture d’un journal sont plus fréquentes en établissement. Les limitations auditives augmentent avec l’âge, de manière comparable en établissement et à domicile. Mais la majorité des personnes entendent sans difficulté dans une pièce silencieuse jusqu’à 90 ans, quel que soit leur lieu de vie.

Les limitations motrices sont beaucoup plus fréquentes en établissement. Dès 60 ans, une majorité des résidents ont de grandes difficultés à se pencher ou à s’agenouiller, à monter des escaliers, à marcher 500 mètres sans aide et à porter 5 kg sur 10 mètres. À domicile, les trois quarts des personnes de 60-64 ans n’ont aucune de ces difficultés, mais la proportion décroît avec l’âge, la proportion des personnes de 80-85 ans sans ces difficultés devenant minoritaire.

À domicile, les limitations cognitives augmentent avec le vieillissement, mais restent modérées, alors qu’elles sont fréquentes à tous les âges en établissement (trous de mémoire, difficultés pour comprendre et se faire comprendre, pour résoudre les problèmes de la vie quotidienne, pour nouer des relations). Cela explique en partie les taux particulièrement élevés de personnes sous protection juridique en établissement (plus des deux tiers pour les moins de 75 ans).

Un âge pivot de 75 ans

Ces résultats montrent que les publics accueillis en établissement sont différents selon leur âge, le pivot étant aux alentours de 75 ans. Si le virage ambulatoire se confirme, c’est-à-dire l’augmentation de la prise en charge à domicile des personnes âgées, cela implique le développement du secteur de l’aide à domicile pour la vie quotidienne (aide ménagère, au repas, à domicile, etc) et pour les soins (prise de médicaments, actes infirmiers ou de kinésithérapie, etc), assurés aujourd’hui par le personnel des institutions. Ce qui pose le problème de leur financement.