L’endométriose peut-elle favoriser le diabète de type 2 ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude française prospective menée sur presque 100.000 femmes montre que l’endométriose confirmée chirurgicalement n’est pas associée au risque de diabète de type 2 (DT2).
  • Ce constat n’a pas été modifié par la prise en considération de l’âge, du statut ménopausique, de l’indice de masse corporelle (IMC), des antécédents d’hypertension ou de la prise de traitement contre l’infertilité.
  • Les auteurs concluent que « l’endométriose n’est pas un marqueur de risque de diabète de type 2 ».

Pourquoi est-ce important ?

L’endométriose est une maladie inflammatoire œstrogèno-dépendante qui touche environ 10% des femmes en âge de procréer. Son étiologie reste inconnue à ce jour. L’âge précoce d’apparition des premières règles, la courte durée du cycle menstruel et la maigreur sont les marqueurs de risque les plus fréquemment signalés. Plusieurs maladies cardiométaboliques chroniques ont été associées à l’endométriose telles que l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’athérosclérose subclinique et l’infarctus du myocarde. Ce constat laisse supposer qu’il existerait un mécanisme commun. Plusieurs études ont suggéré qu’il pourrait exister une association entre endométriose et risque de maladie cardiométabolique. Cette revue fait le point sur le sujet à partir d’une large cohorte prospective.

Méthodologie

L’étude E3N est une cohorte prospective de 98.995 femmes françaises âgées de 40 à 65 ans à l’inclusion. Les analyses ont exploré l’association entre endométriose et DT2 incident. L’effet a été évalué en fonction de l’âge, de l’IMC, du traitement de l’infertilité, de l’adhésion au régime méditerranéen et du statut ménopausique.

Principaux résultats

Au cours d’un suivi médian de 16,1 ans, 4.606 femmes sur les 83.582 incluses ont déclaré une endométriose confirmée chirurgicalement. 

À l’inclusion, l’âge moyen était de 51(±6) ans et au total 2.268 cas incidents de DT2 ont été observés, dont 122 parmi les femmes atteintes d’endométriose confirmée. L’âge moyen au moment du diagnostic de DT2 était de 66,7 ans. Les femmes ayant des antécédents d’endométriose étaient plus susceptibles que les autres d’avoir des antécédents familiaux de diabète (13,3% versus 10,2%), des antécédents personnels d’hypertension (7,6% versus 6,4%), un taux de cholestérol élevé (7,9% versus 6,6%), d’avoir eu des premières règles tôt (<13 ans : 50,1% versus 47,2%), d’avoir eu une ovariectomie bilatérale (32,2% versus 9,2%), d’avoir pris des contraceptifs oraux (65,1% versus 59,7%) et d’avoir un niveau d’éducation plus élevé (≥15 ans : 36,0% versus 35,0%, p=0,017). Il n’y avait pas de différence en ce qui concerne les scores d’adhésion au régime méditerranéen entre celles qui avaient des antécédents d’endométriose et les autres.

Après ajustement sur les potentiels facteurs confondants tels que l’âge, l’IMC, l’activité physique, le tabagisme, le niveau d’éducation, l’âge des premières règles et la prise de contraceptifs oraux, l’endométriose n’a pas été associée au risque de DT2 (Hazard ratio (HR) 1,09 [0,92-1,29]).

De plus, les résultats étaient semblables après ajustement complémentaire sur les antécédents familiaux de diabète, d’hypertension artérielle et le statut ménopausique (HR 0,97 [0,80-1,16]).

Enfin, la relation ne différait pas non plus en fonction de l’âge à l’inclusion (<50 ans ou ≥50 ans), ni de l’IMC (<25 kg/m2 ou ≥25 kg/m2), du traitement de l’infertilité, du régime alimentaire ou du statut ménopausique.