L’endométriose diminue-t-elle les chances de procréation ?

  • Nathalie BARRÈS
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude française suggère que l’endométriose modérée à sévère n’aurait pas d’impact significatif sur le taux de naissances en vie chez les femmes en parcours de soins de fécondation in vitro (FIV).
  • « Malgré la réduction du rendement ovocytaire chez les femmes atteintes d’endométriose, le nombre total d’embryons transférés et vitrifiés était équivalent entre le groupe de femmes atteintes d’endométriose et le groupe témoin. Ces données sont cohérentes avec celles des récentes méta-analyses menées sur le sujet et permettent de rassurer les femmes en parcours de FIV et atteintes d’endométriose », précisent les auteurs. 

Pourquoi est-ce important ?

Environ 10% de femmes en âge de procréer pourraient être atteintes d’endométriose. Ce taux atteindrait 30 à 50% chez celles ayant des troubles de la fertilité. L’impact de l’endométriose sur le taux de naissances de femmes subissant des FIV reste débattu au sein de la communauté scientifique. 

Méthodologie

Cette cohorte rétrospective menée à l’Hôpital La Conception à Marseille a porté sur des femmes atteintes d’endométriose modérée à sévère incluses dans un processus de FIV ou d’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) entre janvier 2015 et décembre 2020. Elles ont été appariées 1:2 avec des femmes ayant d’autres causes d’infertilité (groupe contrôle).

Le critère principal d’évaluation était le taux cumulé de naissances en vie (TNVc) par cycle et par femme. D’autres critères secondaires ont été mesurés comme le nombre d’ovocytes prélevés, le nombre d’ovocytes matures, le taux de fécondation, le nombre total d’embryons et d’embryons utilisables, le taux d’implantation, le taux de grossesses cliniques et le taux de fausses couches par cycle.

Principaux résultats

Cette étude a inclus 585 femmes. Les données de 195 femmes atteintes d’endométriose ont été comparées à celles de 390 femmes qui en étaient indemnes (soit 323 et 646 cycles respectivement). Pour les femmes du premier groupe, l’âge moyen était de 33,1 ans, l’IMC moyen de 23,5 kg/m2 et la concentration moyenne d’hormone anti-mullërienne de 2,5 ng/ml.

En moyenne, les femmes avaient subi 1,7 cycles de FIV quel que soit le groupe. Les caractéristiques des femmes étaient similaires entre les deux groupes à l’inclusion en dehors des taux d’infertilité primaire qui étaient significativement plus importants dans le groupe de femmes atteintes d’endométriose (65,5% versus 53,3%). 

Le taux cumulé de naissances en vie par cycle et le taux de naissances en vie par femme étaient comparables entre les femmes atteintes d’endométriose et les femmes témoins (19,8% versus 24,3%, p=0,12 et 32,3% versus 37,2%, p=0,24 respectivement).

Le nombre d’ovocytes récupérés était significativement plus faible chez les femmes atteintes d’endométriose par rapport à celles du groupe témoin, et ce, malgré des doses de gonadotrophines plus élevées (3.189,5 versus 2.750 UI, p<0,001) chez les femmes atteintes d’endométriose. En revanche, les taux de maturation et de fertilisation étaient comparables entre les deux groupes (73% versus 72% et 62% versus 60% respectivement pour les femmes atteintes d’endométriose et les femmes témoins).

Par ailleurs, les nombres totaux d’embryons et d’embryons utilisables étaient comparables entre les deux groupes. Le nombre d’ovocytes récupéré chez les femmes atteintes d’endométriose était semblable chez les femmes avaient des antécédents de chirurgie et celles qui n’en avaient pas.