JFN 2021 – Fragilité des jeunes et moins jeunes : comment la prendre en charge ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Congrès
Le Pr Agathe Raynaud-Simon a rappelé lors de son intervention, le mercredi 10 novembre 2021 aux Journées Francophones de Nutrition (JFN) à Lille, que la fragilité était une situation complexe et multifactorielle, et qu’elle comportait fort probablement des formes multiples. Elle peut être rencontrée chez des sujets âgés mais concerne également des individus jeunes atteints de pathologie chronique invalidante.
Existe-t-il des facteurs de risque modifiables de fragilité ?
La fragilité surviendrait globalement un peu plus précocement chez les femmes que chez les hommes. Le risque augmenterait particulièrement à partir de 75 ans pour atteindre 30% de la population des 80 et plus. Les états physique (musculaire et nutritionnel), thymique, cognitif et social sont des facteurs de risque modifiables de fragilité.
En ce qui concerne les facteurs physiques, les études observationnelles soulignent que plus l’alimentation de l’individu est proche d’un régime méditerranéen – et ce idéalement tout au long d’une vie – plus le risque de fragilité est faible. La perte du poids entre 40-50 ans et 68-77 ans n’est pas en soi forcément un facteur de meilleure espérance de vie (Holme, Age Ageing, 2015). L’étude EURONUT-SENECA, a même souligné que sur 2.600 sujets âgés de 70-75 ans, la perte de plus de 5 kg en 5 ans multipliait par deux le risque de décès à 5 ans (Euronut-Seneca Eur J Clin, 1991, 1996).
Quelle place pour la consommation de protéines et l’activité physique ?
Une étude observationnelle basée sur la cohorte Women’s Health Initiative Study, a montré que 13,5% de femmes initialement non fragiles le sont devenues après 3 ans (selon les critères de Fried). Celles qui consommaient le plus de protéines avaient un risque de fragilité plus faible que les autres.
Par ailleurs, les sujets qui pratiquent le plus d’activité physique au-delà de 70 ans, ont une moindre mortalité que les autres. Et initier une activité physique, même tard dans la vie, constitue un bénéfice d’espérance de vie significatif. Plus que l’activité physique intense, c’est le fait de rester actif qui importe. Une étude a montré qu’avoir une activité physique à 78 ans doublait quasiment les chances de rester autonome dans les activités de la vie quotidienne à 85 ans. (Stessman, Arch Intern Med, 2009).
Agathe Raynaud-Simon a souligné que malheureusement les résultats de ces études observationnelles ne sont pas forcément applicables à la population générale. Et une revue de la littérature a montré que les données actuellement disponibles provenant d’essais cliniques randomisés et contrôlés, n’ont pas un niveau de preuve élevé. Leurs conclusions iraient pour certaines à l’encontre des bénéfices pourtant constatés à l’échelle individuelle en pratique clinique. L’intervenante a mentionné que des programmes intenses d’activité physique associant des exercices de renforcement musculaire, d’endurance, de proprioception, de flexibilité, … avaient montré un bénéfice sur la diminution de la fragilité, le maintien dans le temps de l’autonomie, l’équilibre, la qualité de vie, les fonctions cognitives. Les résultats de l’essai randomisé, contrôlé SPRINTT, du gérontopôle du CHU de Toulouse, évaluant l’intérêt d’un programme multiple associant activité physique, conseils nutritionnels et outils de communication, sont encore en attente (Landi F, Aging Clin Exp Res 2017).
Chez des personnes âgées non dénutries, il existe peu d’études évaluant l’intérêt d’une supplémentation sur le risque de dénutrition. Chez les personnes dénutries ou à risque de dénutrition – notamment les sujets âgés en sortie d’hospitalisation – plusieurs essais ont été réalisés, mais leurs résultats sont contradictoires. Donc restaurer le statut nutritionnel d’une personne à risque de dénutrition ou dénutrie pourrait contribuer, mais ne suffit pas à lui seul pour améliorer la fonction musculaire, l’appétit, l’autonomie … Des essais ont montré que la mise en place de protocoles de renutrition à l’hôpital permettait de limiter le risque de réadmission chez les personnes âgées (Stratton RJ, Aging Res Rev 2013). Ainsi, même si certaines pathologies font le lit de la fragilité, la sarcopénie et les troubles nutritionnels sont des facteurs favorisants majeurs, sur lesquels il est utile d’agir au plus vite.
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