JFN 2021 – Faut-il faire maigrir une personne âgée obèse ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Congrès
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Cédric Moro (UMR 1297 Inserm/Université Paul Sabatier, Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires (I2MC) de Toulouse) est intervenu aux Journées Francophone de Nutrition le jeudi 11 novembre 2021 lors d’une session intitulée “Obésité et âge – un paradoxe ?”

Il a rappelé que les résultats d’une étude internationale rétrospective récente (Wang et al. Cell Metab 2021), menée à partir des données recueillies durant une trentaine d’années, montrent que la mortalité cardiovasculaire serait principalement impactée par 4 facteurs de risques métaboliques : l’obésité, la glycémie élevée, le taux de cholestérol élevé, et la pression artérielle élevée. Ce constat est par ailleurs accentué avec l’âge.

Ainsi, se pose la question de la diminution de ce risque chez les sujets obèses âgés. Les consensus internationaux préconisent de prendre en charge l’obésité à un âge avancé par une restriction modérée des apports caloriques associée à la pratique renforcée d’une activité physique (exercices d’endurance et de résistance) (Di Milia et al. Curr Diab Rep 2021) dans l’objectif de limiter le risque de fragilité et de dépendance en conservant au mieux les masses musculaire et osseuse.  

Cédric Moro a présenté les résultats de l’étude MONA (Métabolisme, Obésité, Nutrition et Âge) qui avait pour objectif de comparer l’impact de ce type de recommandations chez des sujets âgés obèses versus des individus obèses d’âge moyen (n=25). 

Pour cela, les participants ont été soumis à une diminution d’environ 20% de leurs apports énergétiques et à un programme d’activité physique 3 fois/semaine, dans l’objectif de perdre 5% de leur poids initial. Le programme a été observé par plus de 90% des individus et la diminution moyenne des apports énergétiques a atteint 18%. À l’inclusion, l’âge moyen des individus obèses « jeunes » était de 36,0 ans et celui des sujets obèses « âgés » de 64,2 ans. Les autres paramètres étaient assez similaires entre les deux groupes.

La perte de poids moyenne était d’environ 6 kg dans chacun des groupes, entraînant une diminution de l’IMC moyen d’environ 2 points. L’intervention a eu un effet bénéfique sur la composition corporelle (diminution de la masse grasse), et sur les facteurs de risque cardiovasculaires avec une diminution du score Framingham, en particulier chez les plus âgés. Les analyses transcriptomiques du tissu adipeux ou du muscle squelettique n’ont en revanche pas permis de différencier les individus jeunes et âgés. 

Une diminution relativement importante et significative de la masse musculaire, d’environ 3%, a été observée chez les sujets âgés, ainsi qu’une diminution du métabolisme de repos.

 

Ainsi, la perte de poids chez les sujets âgés obèses peut s’accompagner d’un bénéfice sur les facteurs de risque cardiométaboliques, mais peut induire une diminution de la masse musculaire. Tout l’intérêt d’une prise en charge - qu’il reste encore à identifier et valider - serait de diminuer les facteurs de risque cardiométaboliques des patients âgés obèses sans impacter la masse musculaire afin de ne pas accélérer le risque de fragilité.