JFN 2021 – Et si les vitamines étaient essentielles au microbiote intestinal…

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Congrès
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La recherche autour du microbiote ne cesse de progresser. Plusieurs sessions des Journées Francophones de Nutrition (JFN) à Lille ont abordé le sujet. L’une d’entre elles s’est intéressée au rôle des vitamines sur le microbiote intestinal. 

Il est maintenant admis que certains médicaments (antibiotiques, pesticides, …) et aliments, pourraient avoir des effets délétères sur le microbiote intestinal. Plusieurs études ont également suggéré que l’administration de probiotiques ou de fibres alimentaires pourrait diminuer les risques de pathologies liées au mode de vie, telles que le diabète de type 2, l’obésité, les maladies inflammatoires des intestins, la dépression…

Anne-Cécile Bayne est intervenue lors de la session Microbiote, micronutriments et immunité, afin d’évoquer l’intérêt potentiel de l’apport de vitamines directement au niveau du côlon via des formes médicamenteuses spécifiques.

Pour développer le sujet, l‘intervenante a développé trois points clés :

  • L’intestin contient des milliards d’agents microbiens dont certains peuvent produire des vitamines C, K et B en particulier. Ces productions de vitamines au niveau du côlon sont importantes à la fois pour l’hôte mais également pour maintenir un microbiome diversifié et résilient. Ces vitamines peuvent notamment participer à certaines interactions et voies de signalisation microbiennes. Les vitamines B (en particulier B9, B2, B3, B5 et B6) sont des facteurs essentiels à la croissance de nombreux producteurs dominants de butyrate en agissant comme cofacteurs enzymatiques. Les vitamines produites par certains microbes intestinaux peuvent ainsi être utilisées par d’autres (non producteurs) qui en revanche participent à des relations symbiotiques au niveau du microbiote intestinal.  
  • En cas de stress suite à l’apparition d’une maladie ou d’une malnutrition, non seulement la diversité microbienne intestinale diminue, mais la quantité de vitamine produite par le microbiome également. En effet, des études ont notamment mis en évidence que les exacerbations de la maladie de Crohn étaient associées à une diminution des gènes microbiens impliqués dans la biosynthèse de la riboflavine, de la thiamine et des folates.
  • Certaines vitamines produites au niveau du microbiote ont des propriétés antioxydantes et peuvent conditionner l’équilibre redox intestinal. Le potentiel rédox luminal intestinal est lié de manière dose-dépendante au MAPI (Metagenomic Aerotolerant Predominance Index), qui est un ratio entre espèces aérotolérantes et espèces anaérobiques. Un potentiel redox accru et la présence d’oxygène entrainent une dysbiose intestinale à la fois en réduisant les effets bénéfiques et en stimulant la croissance de microbes indésirables. Ainsi, le statut redox et le contrôle du stress oxydant pourraient être des déterminants majeurs du contrôle du microbiote. De plus en plus de travaux in vitro et cliniques appuient l’idée qu’un intestin sain passe par un équilibre redox intestinal. 

Toutes ces données convergent vers l’hypothèse qu’il existerait un intérêt à administrer des vitamines directement au niveau du côlon. Plusieurs études la renforcent : l’une d’entre elles a mis en évidence que l’administration de vitamine C dans le côlon augmentait les concentrations fécales de butyrate, de propionate et l’uniformité microbienne ; une autre a montré que l’administration de vitamine B2 dans le côlon augmentait l’abondance d’Akkermansia et la diversité microbienne ; enfin, une troisième a montré que l’administration de vitamine B3 dans le côlon augmentait les concentrations en Bacteroïdetes et la sensibilité à l’insuline.