JFHOD 2018 – Cancers de novo post-transplantation hépatique
- Nathalie Barrès
- Actualités Congrès
Que retenir ?
Les résultats d’une étude à laquelle tous les centres de transplantation français ont participé ayant évalué les données de 11.226 patients post-transplantation hépatique (TH) montrent qu’il existe bien un risque accru de développement de cancer de novo post-TH. Il existe un sur-risque de cancers des voies aéro-digestives supérieures, surtout en cas de maladie alcoolique du foie (MAF). Ces données soulignent le besoin d’une prévention primaire par la modulation du traitement immunosuppresseur en plus d’un dépistage personnalisé, et ce notamment pour les sujets transplantés pour MAF.
Pourquoi est-ce important ?
Des données américaines montrent que la survenue d’un cancer de novo constitue l’une des principales complications tardives post-transplantation hépatique1. La cholangite sclérosante primitive et la cirrhose alcoolique feraient partie des pathologies plus favorisantes de cancers de novo post-TH. Les études internationales sur registres indiquent que le taux d’incidence normalisé global (SIR) est d’environ 2,5 à 2,62,3,4. Ce travail a permis d’évaluer sur une large cohorte de patients, le sur-risque de tumeur d’organe solide (non cutanée) après TH à partir de données françaises offrant ainsi la possibilité aux praticiens de juger de l’importance de cette complication dans le contexte national.
Principaux résultats
Après un délai moyen de 6,1±4,3 ans, 1.301 (11,6%) cancers de novo ont été diagnostiqués à partir des 11.226 patients post-TH inclus dans l’étude. La population était constituée de 7.325 hommes (sexe ratio 2:1), l’âge moyen à la TH était de 48,6 ans pour les femmes et 50,7 ans pour les hommes. Dans 24,1% des cas pour les femmes et 42,6% pour les hommes, l’étiologie de la maladie initiale du foie était une maladie alcoolique du foie.
Le taux d’incidence normalisé pour toutes les tumeurs d’organes solides de novo était de 2,27 [2,15-2,40]. Il était significativement plus élevé chez les hommes (2,29 [2,15-2,44]) et chez les sujets transplantés pour MAF (2,82 [2,60-3,05]).
Les données ont montré que l’apparition d’un cancer de novo post-TH conduisait à un risque de décès deux fois plus élevé par rapport aux autres sujets (51,8% vs 25,8%).
- A-t-on identifié des cancers de novo plus à risque que d’autres ? Le sur-risque de développer un cancer de novo post-TH était effectivement plus important dans cette étude pour les cancers du larynx (SIR 7,58), de l’œsophage (SIR 4,92), du poumon (SIR 2,60), du pharynx (SIR 2,27), du rein (SIR 1,97) et du côlon-rectum (SIR 1,48).
- À l’inverse, certains cancers présentaient-ils un sous-risque de développement ? Oui, une diminution du risque de cancer du sein (0,72) et du foie (SIR 0,34), mais tous les patients greffés pour cancer hépatique avaient été éliminés.
- Existe-t-il des disparités entre les hommes et les femmes ? Oui, pour des causes non identifiées, le sur-risque de cancer est plus élevé chez les femmes (SIR 3,42) que chez les hommes (SIR 2,82) en cas de transplantation pour maladie alcoolique, alors qu’il n’y a pas de différence de sur-risque de cancer de novo entre les hommes et les femmes en cas de maladie non-alcoolique.
Méthodologie
- Ces données sont issues d’un registre national de l’Agence de Biomédecine française (base de données Cristal).
- L’évaluation porte sur la comparaison de l’incidence des cancers de novo chez tous les patients transplantés hépatiques sans antécédent de cancer, en France entre 1993 et 2012, par rapport à la population générale, normalisée selon l’âge, le sexe et la période.
- Pour être inclus les patients devaient être vivants un mois après la TH. La présence d’un cancer pré-transplantation, du décès ou de la déclaration d’un cancer dans les 30 jours post-greffe constituait des critères d’exclusion.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé