Jeûne intermittent et fatigue : de nouvelles preuves !

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À retenir

  • Une équipe allemande a mesuré l’impact du jeûne intermittent sur la santé chez des personnes en bonne santé.
  • Une amélioration significative de la qualité de vie et de la fatigue physique et mentale a été mesurée après 3 mois de jeûne à raison de 16 heures par jour, 5 jours sur 7.
  • Les taux d’IGF-1 – facteur de prolifération tumorale – a été significativement diminué également.

Pourquoi est-ce important ?

Le jeûne intermittent est défini par un régime alimentaire sans restriction calorique alternant période d’alimentation et de jeûne. Ce régime est de plus en plus souvent adopté dans les sociétés industrialisées. En 2020, il s’agissait même du régime alimentaire le plus populaire aux États-Unis selon l’International Foundation for Integrated Care. Il existe plusieurs versions de ce jeûne, en fonction de la durée des périodes de privation alimentaire qui peuvent varier de 12h à plusieurs jours.

Le concept s’appuie sur l’utilisation des corps cétoniques comme source d’énergie pour le métabolisme. Les hypothèses actuelles avancent que ce changement métabolique favoriserait la perte de poids, diminuerait la fatigue et aurait un impact positif sur les maladies chroniques telles que le syndrome métabolique, les maladies neurologiques ou encore par réduction des marqueurs du stress oxydatif sur la progression de l’endométriose.

Malheureusement, les preuves scientifiques sur la population générale sont encore peu nombreuses.

Méthodologie

Cette étude de cohorte prospective a été menée au centre hospitalo-universitaire de Johannes Gutenberg, à Mayence en Allemagne. Tous les participants devaient maintenir un jeûne intermittent durant 16 heures durant au moins 5 jours par semaine sans changer leurs autres habitudes de vie. Les participants pouvaient choisir les jours et périodes de jeûne mais devaient s’y tenir et ne pas manger, ni boire de boissons caloriques durant la période de jeûne. Les bouillons clairs, le café noir sans ajouts (sucre, sirops ou lait), les boisons à zéro calorie restaient autorisées durant les périodes de jeûne. Des échantillons de sang ont été recueillis et la qualité de vie a été évaluée au moyen de questionnaires standardisés : WHO-5 (World Health Organisation Well-Being index) pour la qualité de vie à 2 semaines et SF-36 (Short Form Health 36), pour la qualité de vie à quatre semaines. La fatigue a été mesurée par l’échelle FAS (Fatigue Assessment Scale) et l’échelle FFS (Fatigue Severity Scale). D’autres critères d’évaluation ont été mesurés à l’inclusion, puis à 2 et 4 semaines et à 3 mois.

Principaux résultats

Au global, 30 patients ont jeûné durant les 3 mois de l’étude. La population était principalement constituée de femmes âgées de 20 à 40 ans (seulement 3 hommes). Un quart avaient plus de 40 ans. L’indice de masse corporelle (IMC) variait entre 18 et 46,2 kg/m2. La moitié de la population travaillait plus de 40h par semaine avec une répartition équilibrée entre personnes ayant un travail sédentaire ou non. Près de 6 sujets sur 10 avaient déjà fait un régime.

Si aucun participant n’avait de diabète de type II à l’inclusion, cinq pouvaient être classés comme prédiabétiques. Après 3 mois de jeûne intermittent, seuls deux étaient encore classés prédiabétiques. La qualité de vie des individus a globalement significativement augmenté, passant de 15,6 à 18,0 sur le score du questionnaire WHO-5. Six domaines sur huit mesurés par le SF-36 ont également été significativement améliorés après 3 mois de jeûne, notamment : la santé physique : 92,3 versus 96,5, p=0,015 ; la vitalité (54,5 versus 65,8, p<0,001) ; la santé mentale (75,5 versus 81,7, p<0,001), la fonction sociale (83,9 versus 92,9, p=0,021), la douleur corporelle (74,1 versus 89,5, p=0,008) et la perception générale de la santé (71,8 versus 80,4, p=0,001).

La fatigue avait significativement diminué (mesurée par la FAS), passant de 12,6 à 10,7, (p=0,002), ainsi que la fatigue mentale passant de 10,3 à 8,4 (p=0,002).

Le score FSS moyen est passé quant à lui de 3,5 à 2,9 (échelle de 1 à 7) après 3 mois (p<0,001).

L’IMC a statistiquement diminué sur l’ensemble de la cohorte, mais pas de manière cliniquement significative : 25,5 versus 25,0 kg/m2.

Côté biologie, le taux d’IGF-1 – qui peut agir comme accélérateur du développement et de la progression des tumeurs - a été significativement réduit après 3 mois de jeûne intermittent, passant de 229,9 à 205,9 ng/mL, (p=0,022). Les auteurs suggèrent un intérêt chez les personnes atteintes de cancer. Aucun paramètre mesuré n’a signalé la mise en danger des individus.